Terrorisme en Israël : la situation politique en cause ?

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Ce matin, on évoque la situation sécuritaire tendue en Israël avec son lot d’attentats quotidiens. Cette semaine étaient enterrés en Israël deux frères qui ont été tués dimanche sur la route 60, route très fréquentée en Judée-Samarie, alors qu’ils se rendaient dans leur yeshiva. Et pour en parler, nous retrouvons notre chroniqueur Arié Bensemhoun. Bonjour Arié. Vous êtes justement en ce moment en Israël. Vous suivez évidemment ces événements dramatiques. Est-ce que c’est une situation qui risque de s’enliser selon vous ?

Eh bien écoutez, elle est déjà enlisée parce que nous sommes là face à une vague de terreur qui ne se dément pas. Je rappelle qu’elle n’a pas commencé avec l’élection du nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahou, mais qu’il y a déjà deux ans, Israël était confronté à une vague de terreur qui a fait plusieurs dizaines de morts. On se souvient des attentats meurtriers à Dizengoff à Tel-Aviv l’année dernière, au mois d’avril. Donc oui, nous sommes là face à une situation qui est extrêmement préoccupante et qui oblige l’armée israélienne, en dehors de tout contexte politique, à mener des opérations de prévention et de contreterrorisme dans les territoires qui sont contrôlés par l’Autorité palestinienne. Et il y a évidemment une série d’actions qui sont extrêmement dures contre les terroristes et qui provoquent des victimes. Mais ce qu’il faut éviter, c’est d’avoir à renvoyer dos à dos d’un côté les Israéliens qui sont assassinés par des terroristes et d’un autre côté, des Palestiniens qui meurent les armes à la main parce qu’ils appartiennent à des organisations terroristes. On ne saurait faire un décompte macabre en disant tant de morts d’un côté, tant de morts de l’autre, ça n’a absolument et évidemment rien à voir.

Alors il y a eu des actes de répercussion suite à cet attentat contre des Arabes palestiniens, des Israéliens ont mis le feu, notamment au quartier arabe d’Huwara où a été perpétré justement cet attentat terroriste contre les deux jeunes Israéliens. Vous condamnez ces « actes de vengeance sauvage » ? Ce n’est pas la bonne réponse selon vous.

Mais évidemment que je les condamne. Et tous les Israéliens et tous les dirigeants et les responsables politiques israéliens, du Président de l’État d’Israël au Premier ministre, ont condamné ces actes absolument insupportables. Personne n’a le droit dans une démocratie de se faire justice lui-même. L’armée, la police sont là pour répondre aux provocations, pour répondre à la terreur et pour faire en sorte que des situations comme celles-ci ne se reproduisent plus. Malheureusement, cet acte inqualifiable a occulté l’assassinat à nouveau de deux frères par des terroristes palestiniens. Le vrai problème est là et il ne faut simplement pas l’oublier. J’ai entendu un certain nombre de commentateurs et des gens qui ont des positions plus officielles parler de pogrom à propos de ce qui s’est passé dans les dans les territoires, avec l’incendie de ces maisons et le saccage des voitures. C’est absolument insupportable de parler de pogrom. C’est utiliser le langage des terroristes, le langage de ceux qui veulent diaboliser Israël en laissant penser que finalement, si les Juifs peuvent perpétrer des pogroms, c’est qu’ils ne valent pas mieux que les Nazis qui en faisaient eux-mêmes pendant la Deuxième Guerre mondiale et avant la Deuxième Guerre mondiale.

On sait que ce terme est un terme particulièrement connoté et qu’il correspond à la violence qui se manifestait en Europe contre les Juifs. Donc non, on ne peut pas accepter que des citoyens israéliens se fassent justice eux-mêmes. Il faut le dénoncer avec toute la force possible et imaginable et on ne peut pas accepter non plus ce discours de haine contre les Juifs et contre Israël, qui parfois peut être tenu par des Juifs et par des Israéliens eux-mêmes.

 

Est-ce que toute cette actualité n’est pas aussi liée à la situation politique ? On a entendu des voix très dures comme celle du ministre Itamar Ben-Gvir dire qu’il fallait raser le quartier arabe d’Huwara. Est-ce que ce n’est pas aussi lié à ce contexte de changement politique, aussi également avec la réforme judiciaire qui, on le sait, tend beaucoup d’Israéliens ?

La situation de violence que nous connaissons en Israël n’a rien à voir avec le nouveau gouvernement puisque, comme je l’ai expliqué, elle est là depuis bien avant le gouvernement Netanyahou. Mais il n’est pas contestable que les propos inconsidérés qui sont tenus par un certain nombre de responsables politiques plutôt radicaux ne contribuent pas à apaiser les esprits. Je pense que chacun doit faire preuve de calme et de responsabilité. C’est vrai pour le gouvernement, c’est vrai aussi pour l’opposition qui doit tout faire pour ne pas, encore une fois, jeter de l’huile sur le feu. Donc, il y a un contexte politique extrêmement difficile lié à la coalition, lié à la réforme du système judiciaire, lié aux tensions entre la droite et la gauche. Cela étant dit, assez rapidement comme çà et là, c’est un moment où chacun – le Président de l’État d’Israël le fait régulièrement – doit être appelé à ses responsabilités. Il n’est pas question d’embraser le pays avec des propos qui sont irresponsables. Il faut avancer avec cette idée que dans une démocratie, on doit expliquer, on doit convaincre et chercher toujours des compromis qui servent l’intérêt général et non pas les intérêts particuliers de tel ou tel parti ou responsables politiques. J’espère que tout le monde va se ressaisir parce que c’est une période de très grande tension et aussi de très grands dangers pour Israël et pour le peuple juif.

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