Retour sur la visite de Benjamin Netanyahou à Emmanuel Macron

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Bonjour Arié. C’est sur la visite de Benjamin Netanyahou à Emmanuel Macron que vous souhaitez revenir aujourd’hui. Que peut-on en dire à première vue ?

Bonjour Ilana. On ne peut que se féliciter que Benjamin Netanyahou ait choisi la France, pour sa première visite en dehors du Proche-Orient depuis son retour au pouvoir fin décembre. C’est la preuve s’il en fallait, que notre pays est un interlocuteur de choix sur les questions sécuritaires : tel est le signal incontestable que le chef du gouvernement israélien a envoyé, en répondant à l’invitation du Président Macron.

Quand il s’agit de parler de lutte contre le terrorisme palestinien, c’est aussi vers la France et l’Europe que se tourne Israël et ce, pour plusieurs raisons, en voici 4 dans le contexte particulier où nous nous trouvons :

  1. Le pays connaît une vague de terreur que certains assimilent à la préparation d’une troisième Intifada. Jérusalem est ciblée par des attentats et des attaques contre des civils. Jénine et Naplouse, sous contrôle de l’Autorité palestinienne, sont le théâtre d’opérations contreterroristes.
  2. Il y’a quelques jours, cinq terroristes affiliés au Hamas ont été neutralisés par Tsahal à Jéricho, qui échappait jusqu’à présent aux violences. D’autres épicentres apparaissent: les cellules terroristes ne font que croître et se multiplier.
  3. L’Autorité palestinienne est totalement faillie dans son obligation conjointe de lutter avec Israël contre le terrorisme, comme le stipulent les Accords d’Oslo. En outre, l’Europe et la France tardent à reconnaître clairement les causes du terrorisme palestinien : ses sources de financement, ses moyens d’actions, son substrat idéologique, éducatif et social notamment.
  4. Tout ou presque remonte à l’Autorité palestinienne, à sa corruption et à son discours de haine. Et pourtant, les Européens continuent de fermer les yeux et de financer indirectement le terrorisme palestinien en soutenant cette dernière à bout de bras.

On peut être sûr que Benjamin Netanyahou a évoqué tout cela lors de ce dîner de travail.

Un sujet en particulier, et non des moindres, était à l’agenda : celui de l’Iran…

Oui et on peut même dire qu’il a tenu le haut du pavé. D’ailleurs la presse française s’en est fait l’écho en orientant principalement ses articles sur cette question.

Au-delà d’Israël, les intérêts de la France et de l’Europe sont directement concernés par la question iranienne. Netanyahou se bat depuis des années pour sensibiliser ses alliés occidentaux à la menace que représente, d’une part, la fuite en avant nucléaire de l’Iran et les échecs du JCPOA, et d’autre part ses activités de déstabilisation régionale en Syrie, au Liban et aujourd’hui en Europe.

La guerre en Ukraine a fini de convaincre les européens de se positionner sans ambiguïté possible. L’Iran est un allié affirmé de la Russie et vient de conclure un partenariat militaro-industriel pour produire ses drones Shahed, qui font des ravages contre les civils Ukrainiens. L’axe Moscou-Téhéran n’est plus un mystère pour personne : la prise de conscience est bien actée du côté français et européen. Emmanuel Macron s’est engagé à ce que le travail de coopération bilatérale avec Israël porte donc sur ces deux aspects. Elle est là, la réussite diplomatique de cette visite.

Concernant le reste de la région, les Accords d’Abraham ont été à peine évoqués. Cela traduit-il un manque d’intérêt de la part du gouvernement et de la diplomatie française ?

La priorité de cette visite était certes d’ordre sécuritaire et stratégique, mais ce n’est pas pour autant qu’Emanuel Macron se désintéresse de la question des Accords d’Abraham. On connaît son attachement, lui qui n’avait pas hésité à les qualifier de « formidable opportunité », même si on manque de visibilité sur les initiatives du gouvernement à cet égard. C’est certes moins le cas du Quai d’Orsay, qui reste engoncé dans sa « politique arabe » et ses mantras inadaptés aux changements profonds et durables que connait le Moyen-Orient. Comme certains diplomates continuent de le marteler, le prérequis à tout accord de paix, n’est pas la solution à 2 états selon les termes imposés par les Palestiniens, Cela viendra mais après l’établissement de la normalisation et la fin de la guerre avec le monde arabe. Ce jour est proche.

C’est pour promouvoir cette vision et de nouveaux moyens d’action qu’ELNET soutient la création de groupes de travail sur les Accords, au Sénat, à l’Assemblée nationale et dans les Parlements européens, en s’appuyant sur la diplomatie parlementaire et la mise en place de projets conjoints de coopération entre Israël, les pays arabes et les pays européens. Plusieurs ont vu le jour, d’autre sont en cours de préparation. Leurs retombées extrêmement bénéfiques ne peuvent que nous encourager à poursuivre dans cette voie. 

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