Retour sur la Conférence des Ambassadeurs à Paris

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Vous souhaitez revenir sur le discours aux ambassadeurs d’Emmanuel Macron. Quels sont les grands axes de son intervention ? A t-il été convainquant ?

En effet Eva. Le Président français a présenté à la traditionnelle Conférence des Ambassadeurs à Paris les axes principaux de la stratégie diplomatique française. Son discours intervient dans un environnement international tendu, marqué par un conflit persistant en Ukraine et des critiques à l’égard de la diplomatie française dans certains pays africains.

Surprenant à mon sens qu’il débute son intervention par s’excuser par avance des possibles oublis ou redites : « D’abord, il est évident que les discours sont toujours trop longs et à mesure qu’on les relit, dit-il, on s’aperçoit qu’on ne parle pas de telle ou telle région, de tel ou tel espace et donc, c’est toujours une cote mal taillée, pour essayer d’être le plus exhaustif possible et de vous soumettre à un exercice qui est encore supportable. »

Par conséquent, bien que son intervention soit longue et détaillée, on peut s’étonner de ne pas voir abordés l’avenir de la FINUL au Sud Liban ou encore la menace que représente le Hezbollah pour la paix et la stabilité du proche Orient. Son discours sans relief traduit-il l’impasse diplomatique dans laquelle se trouve la France ou cache-t-il derrière un catalogue de bonnes intentions une véritable vision stratégique ? La question mérite d’être posée !

 

Pensez-vous qu’il manque de lucidité sur la situation internationale ?

Non, je pense qu’il a bien conscience des difficultés auquel notre pays est confronté, et c’est bien pour cela que son discours semble manquer de volontarisme, bien qu’il réfute cette idée, notamment sur le dossier africain.

Il a, à raison, mis en garde les diplomates contre un « risque d’affaiblissement » de l’Europe et de l’Occident dans le contexte international actuel. Ce contexte « s’est plutôt durci », « se complique » et « fait courir le risque d’un affaiblissement de l’Occident et plus particulièrement de notre Europe », a-t-il déclaré, en citant notamment « l’émergence de (nouvelles) grandes puissances internationales ».

Il semble assez lucide sur les difficultés croissantes auxquelles font face l’Occident et l’Europe en particulier, en raison de l’émergence de nouvelles puissances mondiales.

Il prône une intégration européenne plus poussée, envisageant même une Europe à plusieurs vitesses pour avancer sur des questions cruciales. On peut ainsi voir son discours comme un appel à l’entraide entre puissances. Il faut reconnaître que la France a essuyé un certain nombre de revers diplomatiques et militaires ces dernières années. De l’Afrique au Moyen-Orient, la France a perdu de son influence et cela se ressent cruellement dans ce discours aux ambassadeurs…

 

Pensez-vous que la volonté d’Emmanuel Macron de faire de la France une puissance d’équilibre est un vœu pieu ?

 Non je ne crois pas car nous en avons largement les moyens bien qu’à l’heure actuelle, on ne peut pas dire que les tentatives de médiations françaises aient porté leurs fruits.

Les efforts pour parvenir à un accord entre la Russie et l’Ukraine n’ont pas abouti. Ces tentatives ont suscité des critiques venant des nations d’Europe centrale et orientale. Disons qu’Emmanuel Macron a une vision à long terme. Il est conscient que le conflit sera probablement prolongé, mais il croit qu’il est essentiel de « définir dès maintenant les bases d’une paix négociée. Il est impératif que tout soit prêt lorsque les parties reviendront à la table des négociations ». Son credo est le suivant : « Chercher des solutions diplomatiques pour résoudre les crises ».

Beaucoup doutent de son approche, tout comme de son insistance à promouvoir le multilatéralisme en toutes circonstances.

Avec les puissances autoritaires qui entravent systématiquement les démocraties dans les forums internationaux, comment croire à l’efficacité du multilatéralisme ? Selon Emmanuel Macron, l’époque où la liberté était considérée comme acquise est révolue, tout comme l’époque où nous pouvions profiter des « bénéfices de la paix ». Pour lui, défendre la liberté représente un défi colossal qui nécessite une « diplomatie combative ».

Dans un tel contexte, ne devrait-il pas prendre plus clairement position et s’opposer plus ardemment aux régimes dictatoriaux ? poser la question c’est y répondre car il est temps que la France aligne ses ambitions diplomatiques et militaires sur les réalités géo stratégiques.

 

Voir le podcast ci-dessous