Bonjour Arié. Vous souhaitez nous parler aujourd’hui de ce qui se passe à Jénine, où se déroule une opération militaire de grande ampleur.
Bonjour Léa. En effet, Tsahal était engagée pendant plusieurs jours dans un raid de haute intensité, inégalé depuis 20 ans, et qui s’inscrit dans le champ plus large de sa lutte antiterroriste dans les Territoires, avec des centaines de soldats déployés. Ils ont notamment « neutralisé » un puits souterrain utilisé pour stocker des explosifs, confisqué de l’armement entreposé dans une mosquée et « localisé et démantelé deux salles opérationnelles appartenant à des organisations terroristes de la zone », dont le centre de commandement de la Brigade de Jénine, affiliée aux Brigades d’Al-Qods, l’aile armée du Jihad Islamique Palestinien (JIP). Tout ceci au cœur-même du camp de réfugiés de Jénine, peuplé par 18 000 habitants.
Ce genre d’opération, qualifiée de « chirurgicale » par l’armée, nécessite des moyens importants et adaptés : drones pour des frappes aériennes, troupes au sol, technologies de pointe pour l’inspection des bâtiments. Si l’on ne peut que déplorer, bien évidemment, les blessés parmi les populations civiles, il y en a hélas toujours, il faut avoir en tête que sur les 10 morts palestiniens, au moins 8 sont des combattants, plutôt jeunes et lourdement armés appartenant à des groupes terroristes parfaitement identifiés. Autant d’éléments qui justifient, pour les autorités israéliennes, une telle offensive, face à l’incapacité des dirigeants palestiniens d’enrayer ce phénomène.
Comment expliquer les réactions à l’international, entre inquiétude et condamnation de l’opération ?
Que Jénine soit un bastion avéré du terrorisme palestinien, preuves à l’appui, et qu’une vague d’attentats frappe les Israéliens depuis des mois, et encore mardi dernier au cœur de Tel Aviv, ne suffiront pas à faire changer la communauté internationale de focale, trop prompte à fermer les yeux sur les facteurs à l’origine d’une telle situation.
D’une part, le vacuum politique provoqué par l’incurie du dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, désormais habitué à masquer son incompétence et le rejet qu’il provoque chez ses concitoyens par un encouragement à la « lutte armée contre Israël » (à laquelle elle a officiellement renoncée en signant les accords d’Oslo), ce dont il ne s’est pas privé en enjoignant l’aile armée du Fatah, les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, à contrecarrer « l’offensive israélienne » au nom du djihad.
D’autre part, le fait que les investissements de la communauté internationale, UNRWA en tête, pour améliorer la situation économique des Palestiniens, n’empêchent en rien leur adhésion au terrorisme et aux discours de haine contre les Juifs. À l’échelle de Jénine, près de 25% de la population se dirait proche du Jihad islamique et 20% du Hamas, deux organisations terroristes soutenues militairement par l’Iran, qui a fait de la Cisjordanie et de Gaza le territoire d’action de ses proxies.
Ce que la communauté internationale feint d’ignorer, c’est que Jénine est un cas d’école à part entière pour comprendre ce contre quoi Israël se bat et ce sur quoi prospère le terrorisme islamiste en général.
Peut-on dresser un parallèle avec ce qui se passe en France ?
L’embrasement qui a gagné récemment les grandes villes françaises, à la suite de la mort de Nahel, a fait l’objet d’une récupération de la part des organisations propalestiniennes en France, Collectif Palestine vaincra en tête, avec un slogan limpide : « Qui sème la haggra (l’humiliation) récolte l’Intifada ». On le voit, l’exportation du conflit israélo-palestinien dans les banlieues françaises correspond à la même idéologie, au même discours victimaire et à la culture de l’excuse et de l’impunité.
C’est ce à quoi Israël fait face, justement, quand on lui dénie le droit légitime à se défendre et minimise le terrorisme palestinien pour ce qu’il est.
Les banlieues françaises ne sont ni des « territoires occupés, ni des colonies » et pourtant, elles sont tout autant concernées par la haine gratuite, la radicalisation islamiste, le terrorisme…C’est donc que la vraie raison est ailleurs. L’objectif est le même : semer le chaos pour faire tomber un système vu comme oppressif et le remplacer par un autre.
Tant que les autorités françaises n’auront pas compris ces corrélations, il y a fort à parier que les réponses apportées ne pourront empêcher une situation que certains considèrent déjà comme hors de contrôle. Raison pour laquelle il est encore temps d’en prendre conscience, avant qu’il ne soit, malheureusement, trop tard.