L’impossible équation des otages

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Bonjour Arié Bensemhoun, cette semaine, après que nous avons appris l’exécution de six otages par le Hamas, vous souhaitiez justement évoquer cette question des otages.

Bonjour Ilana,

Ce samedi 31 aout, l’armée israélienne a retrouvé six corps d’otages dans un tunnel du Hamas, à 20 mètres de profondeur sous la ville de Rafah.

Les résultats de l’autopsie sont simplement glaçants : Carmel Gat, Eden Yerushalmi, Hersh Goldberg-Polin, Alexander Lobanov, Almog Sarusi et Ori Danino ont tous été exécutés d’au moins une balle dans la nuque, à bout portant, 48 à 72 heures avant d’être retrouvés.

Conscients qu’ils allaient perdre leur position face à l’avancée de Tsahal, les terroristes du Hamas ont préféré tuer les otages plutôt que de laisser à Israël l’opportunité de les sauver. Telles sont les nouvelles consignes du Hamas de Yahya Sinwar, comme l’a confirmé leur porte-parole, Abou Obaïda, sur Telegram.

Leur objectif est d’empêcher Israël de récupérer les otages par la force, comme Tsahal avait réussi à le faire lors du raid de Nuseirat, en en libérant quatre. Le message du Hamas est clair : si Israël veut revoir ses otages en vie, Israël devra négocier. Et pour forcer la main du gouvernement israélien, tous les moyens sont employés, même les plus cruels.

Chaque soir, depuis lundi, le Hamas publie une vidéo d’un de ces otages exécutés. Les otages y pressent le gouvernement israélien de les sauver avant qu’il ne soit trop tard et exhortent les Israéliens à militer pour leur libération, en reprenant les références aux manifestations en leur faveur.

Ils cherchent à semer la terreur au sein de la société israélienne en exploitant l’émotion du moment et les divisions internes du pays. Leur objectif est de retourner la colère populaire contre le gouvernement israélien en le rendant responsable de la mort des otages par son intransigeance présumée dans les négociations et de pousser Israël à la faute.

Justement Arié, concernant les négociations pour la libération des otages, pensez-vous qu’un accord est possible prochainement ?

Actuellement, les États-Unis discutent avec l’Égypte et le Qatar pour proposer à Israël et au Hamas une ultime offre de trêve, qu’ils ont intitulée « Take it or leave it » (À prendre ou à laisser), arguant qu’il n’était pas possible de continuer à négocier indéfiniment.

Pour l’heure, il semble difficile d’imaginer que cette offre aboutira à un cessez-le-feu et à la libération d’otages.

N’oublions jamais que les otages sont l’assurance-vie du Hamas. Ce sont la seule chose qui les protège de l’annihilation.

Le Hamas à deux possibilités : libérer quelques otages en échange d’une trêve pour se reconstituer, mais verra son avantage stratégique s’amoindrir quand la guerre reprendra. Ou refuser tout accord, continuer de subir la guerre en espérant ne pas disparaitre avant que sa stratégie de terreur finisse par faire craquer le gouvernement israélien sous la pression populaire.

En refusant toutes les propositions depuis des mois malgré des concessions israéliennes importantes, le Hamas semble compter sur l’influence de la société israélienne et les pressions de la communauté internationale pour changer le cours de la guerre.

C’est pourquoi il est primordial de résister collectivement à la guerre psychologique et ne rien céder.

Et vous Arié, comment voyez-vous les choses ?

Après onze mois de guerre, il reste 101 otages dans la bande de Gaza, dont au moins un tiers sont déjà considérés comme morts. Le Hamas ne les libèrera que si Israël accepte l’inacceptable.

C’est à dire l’arrêt définitif des combats, le retrait complet des forces de la bande de Gaza, y compris du très stratégique corridor de Philadelphie, ainsi que la libération de milliers de terroristes.

Les discussions actuelles semblent beaucoup tourner sur le corridor de Philadelphie, et simplement céder sur ce point serait terrible. Cette frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza est aussi vitale pour le Hamas que pour Israël. C’est par là que les terroristes s’alimentent pour mener leurs opérations mortifères.

En contrôlant ce corridor, Israël empêche le Hamas de se ravitailler et se prémunit, par la même du jeu pervers de l’Égypte qui, dans le meilleur des cas, ferme sciemment les yeux sur la contrebande d’armes, et dans le pire des cas, est complètement complice. En abandonnant le corridor, Israël offrirait aussi la possibilité aux dirigeants du Hamas de s’enfuir, sans parler des otages dont certains pourraient se retrouver à Téhéran.

C’est un dilemme insupportable, Israël ne peut pas céder à toutes les exigences du Hamas, sans mettre en danger la vie de millions de ses citoyens.

Céder, serait offrir une victoire symbolique au Hamas et une prime aux massacres du 7 octobre.

Céder, serait rendre vain la mort des otages déjà tués et le sacrifice des soldats tombés au champ d’honneur en tentant de rendre le monde de demain meilleur que celui d’hier.

Israël ne peut pas céder… et pourtant, il n’y a rien de plus urgent que de ramener les otages à leurs familles !