Les tensions entre les Etats-Unis et Israël

Share on facebook
Share on twitter
Share on linkedin
Share on print
Share on email

Bonjour Arié Bensemhoun, cette semaine, alors que vous êtes actuellement aux Etats-Unis pour ELNET, vous souhaitez revenir sur les actuelles tensions américano-israéliennes

Bonjour Eva,

Six mois après les massacres du Hamas, les relations entre Israël et les États-Unis sont dégradées et les tensions entre Joe Biden et Benyamin Netanyahu sont à leur paroxysme.

Pourtant, après le pogrome du 7 octobre, le soutien de l’administration Biden à Israël a été très important. En plus des livraisons en urgence d’armes et de munitions, l’envoi de porte-avions en Méditerranée orientale a été décisive pour dissuader toute volonté de l’Iran et de ses proxys de profiter du choc des massacres pour attaquer Israël.

Depuis les années 1960, les États-Unis sont le plus important allié et partenaire de l’État Juif dans tous les domaines, un acteur clé dans la normalisation des relations entre l’Etat juif et les pays arabes voisins, et un soutien politique irremplaçable au sein des instances internationales telles que l’ONU, moralement corrompues.

Pourtant, jamais les relations entre les deux pays n’ont paru aussi tendues. Et c’est très inquiétant.

 

Arié, comment expliquez-vous cela ?

Les élections présidentielles américaines de novembre prochain sont la principale raison de ces tensions.

Sous la pression de son aile gauche et d’une jeunesse démocrate au tropisme propalestinien, pour ne pas dire pro-Hamas, dans cette campagne contre un Donald Trump favori des sondages, Joe Biden est contraint de tempérer son soutien à Israël et de marquer ses désaccords quant à la conduite de la guerre.

Quand même le chef des Démocrates au Sénat Chuck Schumer, Juif et soutien historique d’Israël, parle de Benyamin Netanyahu comme d’un « obstacle pour la paix » et appelle à sa démission, difficile d’y voir autre chose qu’un énorme vent de panique au sein de la gauche américaine.

Et ça, Benyamin Netanyahu le sait et en joue parfaitement. Il préférerait nettement Donald Trump, dont le mandat avait été marqué par un soutien sans précédent à Israël, bien que ce dernier l’ait récemment fustigé sur sa responsabilité dans la faillite sécuritaire du 7 octobre et la manière dont il mène cette guerre.

Les deux chefs d’État ont donc des intérêts personnels immédiats à prendre leurs distances.

 

Surtout que ce soutien s’érode dans un moment crucial pour Israël  

Oui, et c’est malheureux.

Alors que les États-Unis ont presque toujours été un rempart aux pressions de la communauté internationale et de ses instances contre Israël, même si cela pouvait ternir leur image, l’abstention et non le véto lors du vote le 25 mars de la résolution 2728 du Conseil de Sécurité de l’ONU en faveur d’un cessez-le-feu et de la libération des otages, sonne comme un avertissement et est particulièrement nuisible.

Car même si la diplomatie américaine affirme que cette résolution est non contraignante et sans conséquences sur le droit d’Israël à se défendre, elle représente quand même un moyen de pression majeur dans un conflit où Israël est le seul acteur institutionnel légitime, et par conséquent, le seul à être tenu responsable du respect du droit international.

La manière dont Joe Biden gère ce conflit est préjudiciable, et cela ne date pas d’hier. Rappelons qu’en 2021, après que le Hamas a attaqué Israël, son administration exerçait déjà des pressions pour que l’État juif cesse sa riposte.

Et les rumeurs qui circulent dans les cercles du pouvoir à Washington concernant une possible reconnaissance d’un État palestinien, participent de l’ambiance délétère entre les deux alliés historiques et inséparables. La paix imposée, avec en prime la création d’un État pour les terroristes, n’a aucun sens et c’est pourquoi, elle ne verra pas le jour.

 

Pourtant, Arié, les deux pays ont tout intérêt à poursuivre leur collaboration

Bien sûr, et le dialogue n’est pas rompu, loin de là, et heureusement.

Encore récemment, Israël a répondu aux inquiétudes des Américains en intensifiant encore davantage ses efforts humanitaires en rouvrant le port d’Ashdod et le passage d’Erez à l’aide humanitaire. Près de 2000 camions transportant des fournitures inspectées ont été autorisés à entrer dans la bande de Gaza depuis le début de la semaine, un record.

Israël est un pilier de la profondeur sécuritaire des États-Unis au Moyen-Orient. La sécurité nationale des deux pays est étroitement liée. Israël est le principal bénéficiaire de l’aide étrangère américaine depuis la Seconde Guerre mondiale. Il est dans l’intérêt de toutes les parties de préserver cette relation unique.

Pour autant, cette guerre, seul Israël a le droit d’y mettre fin lorsqu’il estimera avoir atteint ses objectifs pour garantir sa sécurité. Nous devons nous préparer à ce qu’elle soit longue et qu’elle puisse se poursuivre au nord pour éradiquer la menace du Hezbollah et peut-être de l’Iran.

… Et la campagne présidentielle américaine, elle, ne fait que commencer.