Les enjeux de la campagne présidentielle américaine pour Israël

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Comme chaque semaine sur Radio J, on retrouve Arié Bensemhoun, Directeur exécutif d’ELNET France, et pour ces chroniques estivales, Arié, on revient avec vous sur les grands enjeux internationaux qui se posent en perspective de la rentrée. Il y a bien évidemment la présidentielle aux États-Unis avec le coup de théâtre qu’on a connu. Alors, quels sont les enjeux pour Israël ?

C’est un moment d’abord majeur de la société démocratique américaine, mais surtout très important, un rituel tous les quatre ans, de l’élection du nouveau ou de la nouvelle Présidente américaine. C’est un moment qui compte beaucoup pour les Israéliens, puisque les États-Unis sont le principal allié politique, stratégique, diplomatique d’Israël dans le monde, donc un pays qui compte énormément. Les enjeux sont considérables, puisqu’avec le retrait de Joe Biden, c’est Kamala Harris qui pourrait reprendre le flambeau, et face à un Donald Trump dont on sait qu’il est pour l’instant plutôt favori, mais déjà très challengé par la possible mise en orbite de campagne de Kamala Harris. Donc, les enjeux sont déterminants parce que d’un côté, on a un Donald Trump dont on connaît le tropisme très pro-israélien, le travail qu’il a fait lorsqu’il était Président des États-Unis, notamment dans la mise en œuvre des Accords d’Abraham. Et puis, les déclarations, le transfert de l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem, puis la suite dans un contexte particulièrement difficile que traverse Israël depuis le 7 octobre. Et puis, de l’autre côté, Kamala Harris, plutôt dans une relation avec Israël très différente de celle qu’entretenait Joe Biden depuis plus de 40 ans…

Qui se présentait lui-même comme un Président sioniste.

Oui, il s’est toujours présenté comme un Président sioniste, ce qui ne sera pas le cas de Kamala Harris si elle devait être élue. On est face à quelqu’un qui a côtoyé les grandes figures de l’histoire d’Israël depuis Golda Meir…

On parle de Joe Biden.

On parle de Joe Biden. Kamala Harris, c’est une autre trempe d’abord, c’est une autre génération. Elle est très marquée par la gauche du Parti démocrate et on sait très bien que là, le soutien à Israël se fait moins évident, moins systématique, moins inconditionnel. Donc oui, l’enjeu, c’est quelle sera la politique des États-Unis vis-à-vis d’Israël dans les mois qui viennent. Je rappelle que les élections ont lieu en novembre, mais que le nouveau Président ne prend ses fonctions qu’au mois de janvier de l’année d’après. Ça veut dire qu’en fonction du résultat de l’élection, si c’est toujours Joe Biden qui dirige les États-Unis. Si c’est Kamala Harris qui est élu et qui prend la suite, que va-t-il se passer dans les instances internationales ? Notamment, comme on l’avait vu avec la fin du mandat de Barack Obama, le Président reste le Président jusqu’à la fin, le dernier jour de son mandat. Et là, il y a encore beaucoup de choses qui peuvent changer. Donc oui, c’est un événement important. Il est très important pour Israël de bien regarder ce qui se passe. Et d’ailleurs, c’est la raison pour laquelle Netanyahu était, il y a quelques jours, on s’en souvient, aux États-Unis pour un discours très important.

Mais en tout cas, pour en revenir aux États-Unis, c’est important parce que les États-Unis, c’est aussi la première communauté juive au monde. Et durant le mandat de Donald Trump, il y avait des pro-Trump chez les Juifs et aussi des opposants à Donald Trump, sans pour autant être antisioniste. Nous, vu de France, c’est quelque chose qu’on a du mal à lire.

Oui, d’abord, les États-Unis, c’est une très grande communauté juive. La seconde après Israël, maintenant, puisqu’on est d’accord pour dire que la première communauté juive du monde se trouve dans l’État du peuple juif en Israël. Vous savez, les Juifs américains restent, dans une très grande majorité, partisans du Parti démocrate. Dans toutes les élections, y compris celles qui ont vu l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, 60 à 70% des Juifs américains, déjà à l’époque, votaient démocrate, avaient voté pour Barack Obama. Et je crois que dans cette nouvelle élection qui arrive, on sera à peu près dans le même étiage. Ça veut dire que nous aurons une grande majorité qui va continuer parce que c’est dans l’ADN du judaïsme américain. Les Juifs américains sont démocrates. Alors après, parmi les supporters de Donald Trump, il y a bien sûr les évangélistes qui sont très pro-israéliens, qui sont eux aussi très marqués par cette idée du sionisme messianique. Et on a là une population qui soutient, et c’est le paradoxe parce que finalement, du côté des Républicains, ce sont principalement les non-juifs qui sont les principaux soutiens d’Israël. Lorsque Donald Trump manifeste son enthousiasme vis-à-vis d’Israël, il ne le fait pas pour satisfaire l’électorat juif-américain, que par ailleurs, on l’a vu à plusieurs reprises, il critique beaucoup en les traitant de lâches et de traîtres, parce qu’ils soutiennent ceux qui, justement, ne soutiennent pas Israël. Donc, c’est toujours très intéressant à voir.

On est dans ces paradoxes-là aux États-Unis. C’est assez remarquable et on se retrouve dans une situation où, oui, le soutien à Israël qui se manifeste dans le Parti républicain est extrêmement fort, extrêmement important. On a beaucoup d’inquiétudes sur ce que sera l’avenir de cette amitié entre les États-Unis et Israël dans une société américaine qui est en train de muter, on l’a vu dans les grandes manifestations qu’il y a eu après le 7 octobre dans les universités. Et on voit bien que parmi les élus démocrates, et on parlait de ce discours de Benjamin Netanyahu, la moitié des démocrates ne sont pas venus assister à son discours.

C’est donc à suivre. Merci beaucoup, Arié Bensemhoun.