Merci d’être avec nous sur Radio-J. Comme chaque semaine, on retrouve Arié Bensemhoun directeur exécutif d’ELNET France. Bonjour Arié. Bonjour Eva. Pour ces chroniques estivales, Arié, on revient avec vous sur les grands enjeux qui se posent en perspective de la rentrée, on l’a vu, depuis le 7 octobre, ce terrible massacre antisémite en Israël. Israël a été attaqué. Israël a riposté avec pour but d’anéantir les capacités militaires du Hamas et de récupérer ses otages. Israël, attaqué, se retrouve critiqué.
Pourquoi ? Écoutez, la réponse, elle est dans la compréhension qu’il y a là quelque chose qui nous parle du combat des origines, de l’histoire entre finalement le peuple juif et les nations, le peuple juif et la société occidentale. Et là, il y a un contentieux qui n’a jamais été véritablement résolu.
Comment ça ?
Et dans lequel même, je dirais que la Shoah, qui aurait aurait pu mettre un terme à cette confrontation, finalement, à cette opposition des nations à Israël, aurait pu finir la question de la haine des Juifs. Vladimir Yankelevitch disait au début des années 60 que la haine d’Israël est aujourd’hui le moyen de continuer à détester les Juifs pour de bonnes et vertueuses raisons. Donc, c’est un combat qui est très compliqué à comprendre parce que ça remet en cause, finalement, l’héritage d’un certain nombre de grandes civilisations. Prenez la civilisation dite judéo-chrétienne. Le problème, que le monde chrétien s’est perçu, depuis l’avènement de la chrétienté dans l’Empire romain, comme le nouvel Israël, le pays qui venait se substituer au peuple juif qui aurait été abandonné par Dieu. Ça paraît très éloigné de toutes les considérations géopolitiques et géostratégiques, mais vous savez, c’est au cœur de la conscience des nations.
Il ne faut pas l’oublier, le monde fonctionne aussi comme ça. La difficulté qu’il y a aujourd’hui, c’est d’accepter le retour d’Israël à la fois dans l’histoire, mais également dans la géographie. Qu’est-ce que dit au monde le retour d’Israël dans sa souveraineté nationale sur la terre de ses ancêtres, d’où il avait été banni et chassé par les Romains après la destruction du Temple de Jérusalem ? C’est un phénomène considérable qui a du mal à être assimilé et analysé. Vous savez, Georges Bernanos disait: Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Hitler a déshonoré l’antisémitisme. Il fallait donc trouver quelque chose d’autre pour continuer à mener finalement ce combat sournois contre les Juifs. Et comment le faire ? Le faire contre Israël, l’État du peuple juif, né au lendemain de la Shoah. Donc, on peut expliquer cela comme ça. Cette idée le retour d’Israël sur sa terre, le rétablissement du peuple juif dans ses droits, c’est un phénomène, je dirais, apocalyptique qui vient impacter la conscience des nations, des des chrétiens qui se sont dit le nouvel Israël, des musulmans arrivaient plus tardivement et qui ont pensé qu’ils allaient clôturer l’histoire. Mais non, le peuple juif est toujours là et ça n’est pas encore une chose qui a été définitivement acceptée par le monde.
Raison pour laquelle, oui, on soutient, on aime, on défend, on protège Israël, mais en même temps, on nie sa légitimité, on diabolise ses institutions et son fonctionnement et on procède contre lui de ce double standard dont on voit bien les résultats néfastes dans les instances internationales. Mais ça, c’est quelque chose qui est le dernier combat qu’il faut mener, le combat de la vérité. Et nous sommes à l’heure de vérité du combat pour la vérité. Et c’est dans ce combat-là que nous devons exercer notre puissance de conviction. D’abord, il faut se défendre, bien sûr, contre nos ennemis, mais cette puissance de conviction pour, justement, éduquer des gens totalement ignorants de l’histoire du peuple juif, de l’histoire des nations, de l’histoire d’Israël. Et la paix viendra le jour où cette réconciliation sera possible. Et comme le disent les prophètes, c’est autour de Jérusalem que viendra se parachever la paix du monde.
Le 7 octobre a anéanti aussi, peut-être, des espoirs par rapport à ça. Parce que c’est vrai qu’au fur et à mesure des siècles et du temps, l’antisémitisme remonte puis redescend. Là, depuis le début des années 2000, il y a eu une vague d’antisémitisme, notamment en France, mais depuis le 7 octobre, c’est vertigineux…
Non, mais moi, je ne parle pas d’antisémitisme parce que l’antisémitisme n’est qu’une forme particulière de la haine des Juifs. Je dis que la haine des Juifs, c’est le fil rouge de l’histoire. Nous avons connu différentes périodes, la haine des Juifs portée par les sociétés païennes, grec, romaines, babyloniennes, précédemment. On a connu l’antijudaïsme chrétien pendant toute la période chrétienne de l’Empire romain. On a connu, après l’émancipation des Juifs de France et la Révolution française, l’antisémitisme. Et aujourd’hui, on retrouve la haine des Juifs liée à la haine d’Israël, Israël, État du peuple juif. C’est ce que je vous disais, Eva. Le problème, c’est que les gens ne veulent pas encore, mais le temps viendra, accepter l’idée que l’État d’Israël, le peuple Juif, a sa légitimité dans l’histoire et qu’il va falloir faire avec si on veut créer un monde de paix, de solidarité et de fraternité.
Merci beaucoup, Arié Bensemhoun, directeur exécutif d’ELNET France. Merci.