Bonjour Arié Bensemhoun, cette semaine vous allez aborder un phénomène que l’on observe depuis quelques années en France et en Europe, celui de la montée des radicalités qui menace nos démocraties…
Oui et j’en veux pour preuve, entre autres faits notables, la polémique qui fait suite à la parution de l’enquête sur le frérisme et ses réseaux, réalisée par Florence Bergeaud-Blackler. Il est absolument intolérable et abject qu’une chercheuse du CNRS, qui fait un travail extrêmement sérieux et nécessaire, soit menacée de mort et placée sous protection policière en raison de son objet d’étude. Il s’agit là d’un phénomène de terreur intellectuelle qui constitue une véritable menace pour nos démocraties. Et ça n’est malheureusement qu’un exemple parmi tant d’autres. Cela fait déjà bien trop longtemps que notre liberté d’expression est bafouée.
Il n’est aujourd’hui plus possible de tenir un débat sérieux sans crainte de voir émerger des opinions radicales et dangereuses. Elles peuvent prendre différentes formes et proviennent de diverses sources, notamment l’extrême droite, l’extrême gauche, l’islamisme radical et d’autres mouvements religieux ou idéologiques.
Comment expliquer la montée en puissance de ces mouvements ?
La France et l’Europe n’ont pas été épargnées depuis 2012 : attentats terroristes, crise sanitaire, Guerre en Ukraine, crise économique, crise migratoire… tous ces phénomènes ont crispé l’opinion publique et les médias. Par ailleurs, en plus de la menace islamiste, on a pu observer un essor des mouvements populistes qui rejettent les institutions politiques, les partis traditionnels et les élites dirigeantes.
Les préoccupations sécuritaires ont contribué à renforcer ce malaise. Les partis populistes ont souvent exploité ces inquiétudes en proposant des solutions simplistes et en promettant de protéger les intérêts nationaux et les emplois locaux.
Enfin, Internet et les réseaux sociaux jouent un rôle essentiel dans la propagation des idées radicales. Les groupes extrémistes utilisent ces plateformes pour recruter de nouveaux membres, diffuser leur propagande et inciter à la haine. La facilité d’accès à des contenus extrémistes en ligne peut conduire à la radicalisation de personnes vulnérables.
La menace pour la démocratie réside dans le fait que les mouvements radicaux remettent en question la liberté d’expression et l’état de droit.
Vous avez pu observer un autre phénomène, davantage situé à l’extrême gauche, porté par des individus qui se prétendent « droits de l’hommiste » qui refusent toute contradiction intellectuelle…
Oui, et le cas de Salah Hamouri en est la parfaite illustration. Dans cette affaire, l’injustice n’est pas là où la presse et les partis d’extrême gauche et les militants prétendent qu’elle est. Non, cet homme n’est pas un défenseur des droits de l’homme qui a été placé arbitrairement en détention provisoire, mais bien un membre actif du FPLP (Front de Libération de la Palestine), une organisation terroriste désignée comme telle par l’Union européenne (donc la France), les États-Unis, le Canada et Israël. Salah Hamouri a profité de son statut de résident de Jérusalem pour mener ses activités au sein du groupe terroriste.
Cette vérité, personne ne semble vouloir l’attendre, En témoigne le nombre de conférences qu’il donne en France et en Europe. C’est un véritable scandale. Mardi 23 mai, cet imposteur était mis à l’honneur lors d’une soirée caritative à Villejuif pour collecter des fonds destinés à l’organisation « Addameer » liée au FPLP.
Le message que cela fait passer est dramatique : un terroriste peut donc parader (ce fut le cas à Toulouse la, semaine dernière) en se faisant passer pour un militant des droits de l’homme ; ou des associations affiliées au FPLP peuvent appeler à la destruction d’un Etat souverain, Israël, tout en justifiant l’assassinat de juifs au nom de la cause palestinienne…
Comment remédier à cela ?
Les pouvoirs publics se doivent d’être intransigeants. Maintenir ce genre d’événements est un aveu de faiblesse pour la République et la démocratie.
La lutte contre les radicalités est un défi à long terme qui nécessite une action collective et une mobilisation de tous les acteurs de la société. Il est important de maintenir un cadre juridique solide notamment quand l’on parle de radicalités liées à l’apologie du terrorisme. Il est aussi essentiel de promouvoir des contre-discours efficaces pour déconstruire les idées radicales et les mythes propagés par les mouvements extrémistes.
C’est une des priorités de notre action.