Israël et la communauté internationale face à l’Iran

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Bonjour Arié. Les États-Unis tentent de renouer le dialogue avec l’Iran, malgré la poursuite de sa course à l’arme nucléaire. Peut-on s’attendre à des résultats ?

Bonjour Léa. Washington et Téhéran mèneraient des pourparlers indirects par l’intermédiaire du sultanat d’Oman. Si les discussions ne sont pas secrètes, les deux capitales ont démenti des informations publiées par des médias selon lesquelles elles seraient proches de conclure un accord intérimaire pour remplacer le JCPOA de 2015, moribond depuis le retrait américain en 2018, sous la présidence de Donal Trump. L’administration Biden a toujours privilégié la voie diplomatique, souhaitant ainsi se démarquer de la précédente, alignée sur la ligne dure prônée par Israël à l’égard de l’Iran.

L’actualité récente donne cependant raison à l’État hébreu : Téhéran poursuit sans retenue sa course à l’armement nucléaire, la dernière preuve en date étant les particules d’uranium enrichi à 83%, détectées par l’AIEA elle-même. Pour rappel, le seuil requis pour produire une bombe atomique est de 90%. En parallèle, l’Iran continue d’exercer son pouvoir de nuisance au Moyen-Orient et sur le terrain de la guerre en Ukraine. Renforcement du Hezbollah et soutien à Bachar Al-Assad en Syrie, récemment réintégrée dans la Ligue arabe, vente de drones Shaked à la Russie, et j’en passe.

Preuve s’il en fallait que la diplomatie à l’égard d’un État voyou est un leurre, surtout lorsque son rôle déstabilisateur et ses mensonges sont connus de tous.

 

Les autorités israéliennes ont déclaré qu’elles se réservaient le droit à intervenir, si la situation finissait subitement par l’exiger…

Tout à fait et c’est bien légitime quand on connaît l’intention du régime des mollahs de rayer Israël de la carte. S’y ajoute le risque sérieux d’une escalade venant du Hezbollah, dont Israël doit également tenir compte. Attendre une déclaration de guerre, une manœuvre militaire à la frontière du sud-Liban, ou parier sur une opération préventive massive – ce à quoi Tsahal se tient prête depuis quelques semaines – sont les options aux mains des autorités israéliennes.

Bien qu’il dispose d’un arsenal alimenté par l’Iran, dont des rampes de lancements de missiles situées au milieu d’infrastructures civiles ou enfouies dans des tunnels, le Hezbollah, quoiqu’il dise le contraire, ne peut se lancer dans une offensive de grande ampleur sans le feu vert de Téhéran. Du côté israélien, on redoute toutefois le dérapage toujours possible qui pourrait entraîner un remake de 2006 mais cette fois, compte tenu du renforcement du Hezbollah, les conséquences pour le Liban seraient bien plus terribles. La situation est donc extrêmement dégradée et la pression, à un niveau maximal.

 

Quelle stratégie adopter, au vu de tous ces éléments, face à l’État voyou qu’est l’Iran ?

Fermeté et prudence, sans se méprendre sur les dommages auxquels toute attaque ou riposte pourraient mener, et ce, bien au-delà de la sphère régionale. En cas de guerre ouverte entre l’Iran, ses proxies et Israël, des répercussions sur le cours de la guerre en Ukraine ou sur l’état de la prolifération nucléaire dans le monde sont à prévoir. Ce sont d’autres régimes, et pas les plus recommandables, qui pourraient être tentés de se lancer eux-aussi dans une course frénétique à l’armement.

Face à un État qui méprise le droit le plus élémentaire et cherche à se doter de capacités militaires de très haut niveau, la recherche de l’équilibre peut se transformer, précisément, en prime à l’agression. La situation ne peut souffrir un énième aveuglement diplomatique, compte tenu, aussi, de la révolution toujours en cours en Iran.

Les Iraniens eux-mêmes ne se sont pas laissé leurrer, en se révoltant au péril de leur vie contre leurs dirigeants. Ce formidable mouvement de rébellion pointe du doigt ce que bon nombre d’États occidentaux peinent à voir : il ne faut pas que le régime change, il faut changer le régime. Une chose est sûre : les capacités de dissuasion d’Israël doivent être préservées, ce qu’un éventuel accord avec l’Iran, en l’absence de contraintes ou de garanties réelles, pourrait sérieusement affecter.