Bonjour Arié. Vous souhaitez dresser aujourd’hui un état des lieux de la haine des Juifs et d’Israël, à la lumière des récents événements survenus dans l’actualité.
Bonjour Ilana. De la suspension par la maire de Barcelone du jumelage avec Tel Aviv au motif « d’une violation systématique des droits des Palestiniens », aux attentats quasi quotidiens en Israël et plus précisément à Jérusalem, décrite comme une « colonie », en passant par le déchaînement de haine sur les réseaux sociaux, qui s’apparente à un pogrome digital permanent, sans oublier la multiplication des manifestations du BDS et des organisations propalestiniennes proches des terroristes du FPLP autour de Salah Hamouri, mardi après-midi devant l’Assemblée nationale, mercredi à Toulouse pour dénoncer l’apartheid imaginaire contre les arabes palestiniens … tous ces événements sont reliés par une seule et même ligne rouge, celle de la haine des Juifs dans sa forme la plus sournoise et sophistiquée, celle de l’État d’Israël.
Sans opérer de similitudes, on peut cependant faire des comparaisons entre la résurgence des accusations antiques : déicide, crimes rituels, empoisonnement des puits … qui ont toujours cours dans certains milieux notamment au Moyen-Orient, le retour de l’Inquisition à Barcelone où Israël est accusé, condamné et exécuté sans preuve et sans procès, et les nouvelles accusations aussi mensongères que scandaleuses, d’occupation illégale et de colonisation du territoire d’une Palestine qui n’a jamais existé, pas plus hier qu’aujourd’hui, n’en déplaise aux contempteurs d’Israël qui font une interprétation biaisée du droit international pour lui faire dire ce qu’il ne dit pas.
On parle souvent des mutations de la haine des Juifs au cours de l’histoire, dont la plus récente est l’antisionisme. Quelles en sont les causes ?
L’histoire fonctionne par accumulations de couches, de strates dont il faut sonder l’épaisseur et exhumer les racines pour la comprendre. La graine du poison a été plantée par les Romains au IIe siècle après Jésus-Christ, avec l’effacement des noms de Judée et d’Israël et leur remplacement par le terme de « Palestinae » par l’empereur Hadrien pour punir les Juifs de leurs velléités de révoltes et d’indépendance.
Ironie linguistique, la racine hébraïque du mot Palestine qui renvoie à un peuple ennemi d’Israël à l’époque du Roi David, les Philistins, vient de la racine PELECHET qui signifie « envahisseurs ». Un vrai chamboulement dans les représentations, qui en dit long sur la persistance d’une vision erronée de l’histoire et par extension, du droit. Les Palestiniens d’aujourd’hui, que rien ne relie aux Philistins qui ont disparu depuis longtemps, prolongent le combat où les Romains l’avaient laissé, en étant eux-mêmes les envahisseurs qui contestent le droit et la légitimité d’Israël.
Rien ne nous sera donc épargné car l’existence du peuple juif doit être marquée du signe de l’infâmie et le retour d’Israël sur sa terre, du sceau de la délégitimation.
Vous nous dites que ce conflit et cette haine s’inscrivent dans une continuité historique. Comment se fait le lien avec l’Histoire moderne ?
Aux siècles d’exil, de persécutions et de massacres a succédé la renaissance de l’État juif sur une petite partie du territoire biblique. Maigre compensation d’une injustice historique, consentie par la communauté internationale. Les Juifs ont dit OUI. Le monde arabe a dit NON, puis trois fois NON. Ils ont déclenché les guerres qu’ils ont perdues et dont la conséquence et non la cause, est aujourd’hui encore le problème « palestinien ».
De la défaite des États arabes coalisés, conjuguée avec la mauvaise conscience des nations, découlent les manipulations et les accusations mensongères d’invasion, d’occupation, de colonisation, d’apartheid …. Ces infâmies perdurent encore dans le discours des Palestiniens, mais aussi dans ceux de certaines chancelleries occidentales. Alors qu’il conviendrait de parler de « territoires disputés » pour s’engager sans à priori sur les voies du dialogue et de la négociation dans un esprit de justice et de vérité.
Pourtant, des États arabes ont choisi de faire la paix avec Israël et de lutter contre la haine des Juifs qui innerve les sociétés arabo-musulmanes…
Oui, et c’est une révolution dont il faut prendre la mesure : les Accords d’Abraham, sont la preuve, s’il en fallait, qu’une solution à ce conflit est possible. Ces Accords légitiment Israël du point de vue arabe en le considérant comme un partenaire étatique légitime et incontournable du point de vue sécuritaire et économique, à l’échelle régionale.
Si la bataille est encore longue pour reconnaître cette légitimité dans les instances internationales et convaincre les alliés occidentaux d’Israël de faire preuve de cohérence, notamment en cessant de céder aux sirènes antisémites et antisionistes d’une Autorité palestinienne en faillite, elle a déjà commencé à porter ses fruits à l’échelle locale. C’est ce que montre, à titre d’exemple, l’enseignement aux Émirats arabes unis de la Shoah dans le milieu scolaire.
Le monde doit comprendre qu’il est urgent de mettre fin à cette guerre d’un autre temps : plus imminente sera alors la solution au conflit isra