Délégation parlementaire en Israël : quelle mission pour ELNET France ?

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Bonjour Arié. Vous revenez tout juste d’Israël où vous avez accompagné une délégation de députés issus des rangs des Républicains. Pourquoi une telle délégation ?

Bonjour Ilana. Nous sommes très fiers d’avoir emmené la première délégation parlementaire française depuis l’installation officielle du nouveau gouvernement en Israël. Sur 15 députés, plus de la moitié d’entre eux, nouvellement élus, ont découvert le pays pour la première fois, ce qui a donné à ce voyage une saveur tout à fait particulière. Venus pour apprendre et comprendre, ils ont été enthousiasmés par Israël.

Comme pour leurs confrères du parti Renaissance en janvier dernier, nous avons axé ce séjour sur les volets aptes à inspirer leur action parlementaire de retour en France.

Nous avons fait en sorte que leur découverte de l’écosystème israélien s’articule autour de thématiques en lien avec des préoccupations partagées : la transition écologique et énergétique avec un focus sur la question du traitement de l’eau, à une époque où le réchauffement climatique et la raréfaction de cette ressource élémentaire impactent considérablement notre manière de vivre ; la défense et la sécurité avec la guerre en Ukraine et la menace terroriste et enfin, pour finir, la diplomatie publique, pour laquelle, on le sait, Israël est particulièrement engagé pour asseoir sa légitimité et combattre l’antisionisme et la haine des Juifs à l’international.

Nous avons assumé une part de risque compte tenu du contexte sécuritaire et intérieur actuel. Mais quelle meilleure occasion que celle-ci, pour leur montrer comment le pays gère ses crises internes et embrasse avec beaucoup d’énergie et de résilience ce moment charnière pour son histoire.

Tout cela doit concourir à une diplomatie parlementaire nourrie et au fait de la situation régionale.

 

Justement, vous souhaiteriez que la France se positionne clairement face aux enjeux régionaux. C’est le cas avec la fatwa émise la semaine dernière contre le Hamas…

 OUI, nous croyons fermement que la diplomatie parlementaire est à même d’infléchir ou du moins d’influencer celle du Quai d’Orsay, engoncée dans une vision faussée de la réalité. Depuis le retrait de Tsahal en 2005, ce qui a été décrit à juste titre comme « une prison à ciel ouvert » n’est rien de moins qu’une enclave soumise au régime théocratique islamiste du Hamas, organisation terroriste reconnue comme telle par la France et l’Union européenne, dont le mépris pour les droits humains les plus fondamentaux ne devrait plus être à démontrer, et pourtant.

Des témoignages uniques et déchirants d’habitants de Gaza nous sont parvenus sous formes de courts-métrages animés, grâce à l’initiative du Center for Peace Communications, qui s’est donné pour mission, dans le cadre de sa campagne intitulée « Murmures à Gaza », d’interpeller la communauté internationale sur la situation à Gaza. Plusieurs autorités musulmanes se sont saisies de la question pour condamner les agissements du Hamas. Le Conseil de Nadjaf en Irak, l’une des plus hautes instances de l’islam chiite, le Conseil de la fatwa des Émirats arabes unis et le Conseil des hauts savants d’Arabie saoudite, ont émis un décret religieux pour désigner le Hamas comme organisation terroriste. Le grand ayatollah Fadel al-Budairi, le cheikh Abdallah al-Dheeban, et le pair pakistanais Syed Mudassir Nazar Shah, du Conseil international soufi, ont ainsi affirmé « qu’il était de notre devoir de musulmans de soutenir les opprimés car notre religion nous ordonne de “nous opposer aux oppresseurs et de soutenir les opprimés”. »

C’est une véritable ligne de fracture qui est en train de se dessiner dans le monde musulman : on constate de la part de ces institutions un affranchissement très net à l’égard du discours du Hamas, soutenu par ailleurs par les mollahs iraniens. Il s’agira de voir si cette fatwa aura une résonnance plus profonde au niveau politique, voire géopolitique.

 

Et du côté d’ELNET, quelle mission vous êtes-vous donné à cet égard ? Comment sensibilise-t-on des parlementaires à la question de Gaza ?

 La réalité des faits ne saurait être contestée, c’est la seule chose qui devrait tous nous interpeller telle qu’elle est vécue par les habitants de Gaza eux-mêmes. Ils le disent sans faiblir : le vrai coupable à l’origine de leur situation n’est pas Israël comme on l’entend trop souvent, mais le Hamas. Tout doute devrait être levé et c’est ce à quoi nous travaillons, en collaboration avec le Center for Peace Communications, en organisant une projection inédite de ces témoignages la semaine prochaine à l’Assemblée nationale.

Il est plus que nécessaire de donner à ces voix ignorées tout l’écho qu’elles méritent. C’est pourquoi nous ferons de cet événement un véritable tremplin, pour que la question de Gaza devienne un axe de travail au sein des groupes d’amitié parlementaires France-Israël, des commissions des Affaires étrangères et nous le souhaitons également, auprès du gouvernement.

Ce n’est pas tant une mission que nous nous sommes fixés mais un impératif moral : ces témoignages nous obligent, nous espérons que beaucoup d’acteurs politiques et diplomatiques y seront également sensibles. Il est temps de soutenir les arabes de palestine plutôt que ceux qui les maltraitent et qui sont le véritable obstacle à la paix.

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