« Murmures à Gaza » : vivre sous le joug du Hamas

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Bonjour Arié. C’est de la campagne « Murmures à Gaza » que vous allez nous parler aujourd’hui.

Bonjour Christophe. En effet, « Murmures à Gaza » est le nom d’une série de vidéos produites par l’organisme américain Center for Peace Communications, qui œuvre à la coopération et à la paix entre les peuples du Moyen-Orient. Ces vidéos mettent en scène, sous forme de courts-métrages animés, des interviews de Gazaouis, qui ont accepté de raconter leur vie quotidienne sous le joug du Hamas. Elles sont déjà huit à avoir été diffusées dans la presse, deux autres séries sont attendues dans les semaines qui viennent. L’animation permet de masquer leurs identités, car il va de soi que si ces dernières étaient révélées, les conséquences pourraient être extrêmement préjudiciables à toutes ces personnes et à leurs proches. Il faut faire preuve du plus grand des courages pour accepter de témoigner, sous une dictature théocratique islamiste et dans un territoire coupé du monde parce que le régime au pouvoir en a décidé ainsi. On y découvre des personnes de tout âge, qui nous parlent des arrestations arbitraires, des extorsions, des violences et par opposition, de leurs rêves et aspirations. Par exemple, celui du temps d’avant son coup d’État en 2007 et paradoxalement, du contrôle partagé entre l’Autorité palestinienne et Israël jusqu’au retrait de Tsahal en 2005, ou bien de découvrir, pour les plus jeunes, la liberté dont ils ignorent la signification depuis leur naissance. Le Hamas a mis en place un blocus sur la communication, sur la liberté d’expression, sur la liberté de danser et chanter : ces chuchotements se veulent une brèche dans le mur, une manière de se réapproprier la vie tout simplement.

Au-delà de leur esthétique, presque poétique, que nous apprennent ces vidéos, au fond ? Le Hamas n’est-il pas déjà suffisamment dénoncé par la communauté internationale pour le sort terrible qu’il inflige à sa propre population ? 

Pas assez malheureusement, et c’est bien là toute la tragédie de Gaza et des Gazaouis. L’expression « prison à ciel ouvert » pour désigner ce territoire continue d’impliquer Israël comme unique responsable. Pourtant, l’État hébreu a démantelé les 21 implantations qui s’y trouvaient, évacuant 8 000 résidents juifs israéliens et se retirant de manière unilatérale aux frontières pré-1967, d’août à septembre 2005. Si le contrôle aux frontières, sur les côtes et dans l’espace aérien demeure, c’est pour contenir cette menace réelle, non seulement pour la population israélienne qui vit au rythme des roquettes dans le sud du pays, mais aussi pour la stabilité régionale puisque le pouvoir de nuisance du Hamas s’étend à l’Égypte. Comme lorsqu’il s’agit de dénoncer le traitement infligé par l’Autorité palestinienne aux habitants de la Cisjordanie, peu de voix s’élèvent pour condamner l’embrigadement des enfants soldats, l’utilisation de boucliers humains, les répressions et la torture pour asphyxier toute tentative de révolte. « Les prisons sont remplies de gens honorables », affirme l’un des habitants interrogés. Nous avons là suffisamment de matière pour qu’une instance internationale ou une ONG lancent une enquête de grande envergure sur les atteintes aux droits de l’homme dans la bande de Gaza.

Justement, comment expliquer cette absence d’intérêt alors que la bande de Gaza sous la férule du Hamas pourrait être un cas d’école à part entière quand on parle de violation des droits de l’homme ?

Nul besoin de réexpliquer ici la persistance du double standard qui aveugle la communauté internationale, les ONG et les médias lorsqu’il s’agit de considérer, dans son ensemble, la question du conflit israélo-palestinien et dont la situation de Gaza est un élément à part entière. L’initiative du Center for Peace Communications doit être saluée et relayée parce qu’elle met à l’honneur, de manière inédite et innovante, les Gazaouis eux-mêmes en leur offrant une véritable tribune pour faire entendre leur voix à l’international, ainsi que « la chance d’entrer dans le débat », pour reprendre les mots de Joseph Braude, son président. Beaucoup de personnes interrogées affirment leur ouverture en faveur d’une solution au conflit, d’entrer en dialogue et de faire la paix avec Israël. Si ces vidéos ne promeuvent pas de politique en particulier, elles lancent cependant un défi, celui de « choisir entre le soutien au Hamas et le soutien aux Palestiniens opprimés par ce dernier ». Des médias saoudien, iranien et latinoaméricain ont déjà accepté de se faire les relais de cette campagne et l’ancien ministre jordanien des Affaires étrangères, Jawad Anani, n’a pas tari d’éloges à son sujet. Nous espérons que la presse française sera sensible à l’histoire de Basma, de Fatima, d’Iyad et tant d’autres. Pour que la paix et la prospérité adviennent enfin, pour tous les habitants de Gaza.

Cliquez ici pour écouter le podcast