Avec ou sans accord, que faire pour empêcher l’Iran de se doter de la bombe nucléaire ?

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Arié Bensemhoun, c’est de la menace nucléaire iranienne dont vous allez nous parler aujourd’hui…

En effet, les négociations entre l’Iran et les puissances mondiales sur un retour à l’accord nucléaire ont une fois de plus atteint un point critique. Alors qu’il recevait lundi Yaïr Lapid, le chancelier allemand Olaf Scholz a dit « regretter » l’absence de « réponse positive » de Téhéran aux propositions destinées à relancer l’accord sur le nucléaire iranien. Pour le Premier ministre israélien, qui milite pour que les puissances occidentales ne relancent pas l’accord, ces négociations tournent à « l’échec ».

Dans un communiqué commun diffusé samedi, les gouvernements français, allemand et britannique avaient rappelé qu’« après un an et demi de négociations, le coordinateur du JCPOA a présenté un ensemble de textes finaux qui devait permettre à l’Iran de remplir à nouveau ses obligations et aux États-Unis de revenir à l’accord ». Mais Téhéran a de son côté demandé une nouvelle fois la clôture d’une enquête de l’AIEA concernant des traces d’uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés, ce que le patron de l’Agence, Rafael Grossi, refuse car non seulement les Iraniens trichent mais en plus ils voudraient camoufler leurs mensonges avec la bénédiction de la communauté internationale.

La balle semble être dans le camp iranien. La République islamique est-elle pour autant en position de force ?

L’accord qui se dessine est perçu comme une réussite pour la République islamique car il est bien plus faible. L’Iran a réussi à tirer profit de l’empressement américain à mettre la question nucléaire en retrait et à se concentrer sur la compétition entre grandes puissances avec la Chine et la Russie, afin d’obtenir des concessions.

Contrairement à l’accord initial de 2015 qui plaçait l’Iran à un an de l’obtention d’une quantité suffisante de matières fissiles nécessaire à une bombe nucléaire, ce délai est désormais réduit à quelques mois. Selon le nouvel accord, entre 2026 et janvier 2031, toutes les restrictions sur les infrastructures, les niveaux d’enrichissement d’uranium et l’accumulation qui en résulte expireront progressivement. Cela ouvre la voie à l’enrichissement industriel de l’Iran et à sa capacité à se doter rapidement d’une bombe sans délai suffisant pour l’arrêter.

Israël est-il en capacité de faire pression sur les Etats-Unis ?

La capacité d’Israël à faire pression sur les États-Unis et à les dissuader de signer l’accord nucléaire est faible. Non seulement en raison des intérêts sécuritaires nationaux américains actuels en matière de concurrence avec la Chine et la Russie mais aussi parce que l’administration Biden se souvient de la confrontation très médiatisée entre le Premier ministre Netanyahou et l’administration Obama et qu’Israël a fait pression sur Trump pour qu’il se retire de l’accord nucléaire, décision qualifiée par l’administration Biden de « catastrophique ».

Et pourtant, il semblerait que deux camps s ‘opposent en Israël …

Oui. D’un côté les anciens Premiers ministres Bennett, Netanyahou et Olmert, considèrent que l’accord nucléaire naissant est problématique pour Israël en termes de renforcement de l’économie iranienne et du régime islamiste, et surtout de la légitimité qu’il accorde à un programme nucléaire sans restriction en 2031. Ils soulignent le peu de temps qu’il reste avant l’expiration des fameuses « Sunset clauses », et le raccourcissement du délai de rupture à six mois, contre un an dans l’accord initial.

À l’encontre de cette position, il existe, principalement au niveau des diplomates, un groupe qui considère qu’un retour à l’accord est un choix moins mauvais car malgré ses défauts, il arrêterait les progrès nucléaires de l’Iran pendant plusieurs années et donnerait à Israël le temps d’organiser et de mobiliser toutes ses forces pour faire face à ce défi.

Quelle est finalement la meilleure alternative pour empêcher l’Iran de produire des armes nucléaires et comment Israël pourrait accroitre ses capacités opérationnelles et pour arrêter la percée nucléaire de l’Iran ? 

Au-delà du débat sur un retour à l’accord, dans lequel il n’a qu’une influence minime, Israël doit revoir ses plans pour mettre fin de manière indépendante, si nécessaire, au programme nucléaire iranien. Il doit en parallèle formuler un plan stratégique-opérationnel conjoint avec les États-Unis, avec des dispositions pratiques pour garantir un objectif commun et affirmé par les deux pays, à savoir que « l’Iran ne disposera jamais d’armes nucléaires. »

Ce plan sera essentiel, que la République islamique revienne ou non dans l’accord, pour anticiper les dernières années de ce dernier, lorsque les restrictions expireront progressivement. Le plan doit à la fois inclure la capacité d’arrêter l’Iran par des moyens politiques et économiques, mais aussi, en dernier recours, par des moyens militaires.