78ème Assemblée générale des Nations Unies : défiance et désillusions

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Bonjour Arié Bensemhoun. La 78e session de l’Assemblée générale des Nations unies s’est ouverte à New-York. Cette cérémonie annuelle, haut-lieu du multilatéralisme, rassemble des dirigeants du monde entier mais est de plus en plus décriée. Comment expliquer cette défiance ?

Bonjour Léa. L’ONU semble s’être depuis bien longtemps éloignée de sa mission originelle, définie à la suite de la Seconde Guerre mondiale, et l’Assemblée générale en est l’illustration parfaite. Que peut-on espérer d’une conférence internationale qui regroupe des démocrates, des autocrates, des islamistes et même des dictateurs, comme si tous avaient le même poids dans la discussion ? Cette assemblée semble privilégier des pays qui, trop souvent, ignorent les droits humains fondamentaux, notamment ceux des femmes et des enfants…

D’autre part, depuis les années 1960, il est évident que certains pays voient l’ONU comme une plateforme privilégiée pour contester la légitimité d’Israël. Ces nations, en constituant une majorité automatique, ont tenté d’obtenir des victoires diplomatiques et politiques, qu’ils n’ont pas pu réaliser sur le terrain militaire. Il est surprenant de constater qu’en 2014, en plein cœur de la guerre en Syrie, l’Assemblée générale des Nations unies a condamné Israël 20 fois, alors que des pays comme la Corée du Nord, la Libye, l’Iran et la Syrie n’ont été ciblés qu’une fois. D’autres, tels que l’Arabie Saoudite, l’Afghanistan et la Chine, ont été étonnamment épargnés.

Cette tendance semble indiquer une certaine complaisance de l’ONU à l’égard de  postures révisionnistes, antisionistes et, dans certains cas, antisémites. Cela entache indéniablement la crédibilité de cette institution emblématique.

 

L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Gilad Erdan, a été escorté par la police de l’ONU hors de l’Assemblée générale des Nations unies après avoir protesté face au discours du président iranien. Que pensez-vous de son geste ?

Je pense qu’il était important de montrer que personne n’est dupe. La mission diplomatique israélienne auprès de l’ONU a lancé une campagne de soutien aux droits des Iraniens avant l’Assemblée générale, en affichant des photos de militants tués par le régime, dont celle de Mahsa Amini, jeune femme assassinée par la police des mœurs, et en qualifiant Ibrahim Raïssi de « boucher de Téhéran ». Je ne peux qu’approuver les propos de Gilad Erdan qui a déclaré dans un communiqué : « Il ne devrait pas être possible pour un ignoble meurtrier qui appelle à la destruction d’Israël d’avoir une tribune ici à l’ONU. L’ONU a, une fois de plus, atteint un nouveau niveau de bassesse morale« . Lors de son discours, le président iranien a critiqué les États-Unis pour avoir prétendument attisé les hostilités entre la Russie et l’Ukraine. Il a également appelé à la fin des sanctions contre le régime iranien.

Ebrahim Raïssi est personnellement visé par les sanctions imposées par les États-Unis, qui l’empêchent de se rendre aux États Unis, à l’exception de son hôtel et de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.

Il est grand temps de mettre fin à cette hypocrite mascarade. L’Iran, qui piétine allègrement le droit et toutes les conventions internationales, n’a jamais été aussi proche d’avoir la capacité de produire des armes nucléaires et l’ONU invite son président à parler comme s’il était un interlocuteur légitime.

 

Pourquoi maintenir cette grand-messe si un nombre croissant de chefs d’Etat la désavouent?

S’il faut trouver une vertu à cette réunion annuelle, c’est qu’elle permet au moins aux démocrates de prioriser leur agenda diplomatique et de dresser leurs lignes rouges. Zelensky est sans conteste l’attraction de cette nouvelle édition. Le président ukrainien a accusé Moscou de se servir de l’alimentation et de l’énergie « comme des armes » et estimé que la Russie n’avait « aucun droit de détenir des armes nucléaires« . Il a également déclaré qu’elle commet un « génocide » en enlevant des enfants ukrainiens. Dans son discours prononcé en treillis militaire, il a également renouvelé son appel à la tenue d’un sommet de la paix.

L’autre vertu de cette AGNU est ce qui s’y passe en coulisses, les rencontres plus informelles. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le président turc Recep Tayyip Erdogan se sont entretenus mardi soir pour parler « futur accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite« … il rencontrera également le président américain, Joe Biden.

Ces rencontres sont cruciales mais ne doivent pas faire oublier la nécessité d’opérer une refonte du système onusien… pour que l’ONU et les organisations internationales cessent de ressembler à des associations de malfaiteurs.

 

Voir le podcast ci-dessous