Pour de nombreux politiciens, experts et journalistes, Israël est perçu comme une monstruosité vouée aux gémonies, qu’il est impératif de mettre au ban des Nations pour l’empêcher de nuire.
À les lire et à les entendre, Israël « tue des enfants par milliers », « affame » et « assoiffe » des innocents pris au piège d’une « prison à ciel ouvert », « bombarde sans discernement les hôpitaux », « tire délibérément » sur des écoles et des diplomates, est gouverné par un « fasciste » qui « piétine » le droit international, ne reconnaît pas l’autorité de la Cour pénale internationale, a installé un régime « d’apartheid » « antidémocratique » « gangréné par une extrême droite messianique » aux visées « colonialistes », qui commande une armée aux pratiques « nazies », dont l’objectif est de déplacer des populations et de procéder à un nettoyage ethnique, voire un « génocide » en bonne et due forme, en refusant tout cessez-le-feu afin de poursuivre la destruction méthodique de la bande de Gaza… N’en jetez plus, la cour est pleine !
Pas un jour ne passe sans qu’un Aymeric Caron, un Thomas Portes, une Rima Hassan ou d’autres membres de la clique de Jean-Luc Mélenchon ne déversent leur fiel sur le seul État juif de la planète, que ce soit dans l’hémicycle, sur un plateau de télévision ou, pire, sur les réseaux sociaux. Mais ils ne sont pas les seuls. Emmanuel Macron, qui a qualifié de « honte » ce qui se passe à Gaza, s’est joint à ce concert avec son ministre des Affaires étrangères. Jean-Noël Barrot a accusé Israël de transformer la bande de Gaza en « mouroir » et même en « cimetière ». Quant à Dominique de Villepin, il n’a pu s’empêcher de nous annoncer que « l’objectif de Benjamin Netanyahu, c’est la déportation de la population ». « Déportation » ! Le choix du mot en dit long. À quand une déclaration sur « l’extermination industrielle » programmée de millions de Palestiniens… ?
Au lieu d’exiger la libération des otages retenus depuis près de 600 jours par le Hamas, les dirigeants de la France, du Royaume-Uni et du Canada ont choisi de menacer Israël de « ne pas rester les bras croisés pendant que le gouvernement poursuit ses actions scandaleuses ». Le Royaume-Uni a même enfoncé le clou en suspendant ses négociations commerciales avec Israël, tandis que l’UE faisait valoir qu’elle allait les réexaminer.
Jamais de tels propos incendiaires n’ont été proférés à l’égard de la France et de ses alliés après leurs milliers de frappes aériennes contre les habitants de la ville de Raqqa, en Syrie, détruite à 80 % en représailles à l’attentat terroriste du Bataclan. Ils s’inscrivent dans des décennies de mensonges, d’omissions et de manipulations, qui trouvent leur origine au début des années 1960, avec la fabrication ex nihilo de l’Organisation de libération de la Palestine par le KGB et le détournement, par la propagande soviétique, d’une terminologie délibérément liée à l’apartheid, à la colonisation, à l’esclavage et au nazisme, en l’absence totale, à l’époque, de « colonisation juive » de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, comme l’a notamment révélé un officier supérieur du KGB, Vassili Mitrokhine, après sa défection en 1992.
Depuis, ces mots, sortis de leurs contextes respectifs, surgissent régulièrement dans le discours sur Israël et sa politique, sans évoquer leurs références moyenâgeuses aux juifs : « tueurs d’enfants », « buveurs de sang », « initiateurs de guerre », « empoisonneurs de puits », « responsables d’épidémies et de famines », etc.
Israël serait d’autant plus condamnable qu’il est aujourd’hui accusé d’utiliser la famine comme une arme de guerre pour affamer la population palestinienne, tout en interdisant à la presse de pénétrer dans la bande de Gaza.
Même si les images sont dévastatrices, il est incontestable que selon les critères fixés par l’IPC (l’Initiative mondiale de classification de la sécurité alimentaire), fondée en 2004 avec le soutien de l’ONU, une famine n’est déclarée que si 20 % au moins de la population n’a plus de nourriture, que 30 % au moins d’enfants souffrent de malnutrition aiguë, et que deux personnes sur 10 000 meurent chaque jour de faim. À ce jour, pas une seule de ces données n’a été publiée, comme ce fut le cas en Somalie (2011), au Soudan du Sud (2017 et 2020) et au Soudan en 2024. D’autant que du ravitaillement est en cours d’acheminement dans la bande de Gaza.
S’il est exclu de mettre en doute la gravité de la situation humanitaire à Gaza, il est en revanche extrêmement malhonnête d’ignorer que c’est le Hamas qui a entraîné sa population dans cette tragédie et qui, en plus, détourne depuis 19 mois le ravitaillement alimentaire. Les manifestations hostiles à son régime totalitaire de ces dernières semaines en sont une illustration.
Comment, après une telle avalanche de haine et de critiques, éprouver la moindre sympathie pour un État responsable de telles monstruosités, pour ces civils — femmes, adolescents, enfants, vieillards — surpris à l’aube du 7 octobre 2023 par des barbares assoiffés de sang juif ? Comment ne pas démoniser ces gens qui « l’ont bien cherché », puisqu’ils sont seuls responsables des maux de leurs voisins innocents ?
Cette déresponsabilisation systématique des Palestiniens a fini par faire d’eux le seul peuple incapable de gérer son destin, sans aucune autocritique, sans incriminer le vaste monde arabe ni la France et la Grande-Bretagne, anciennes puissances mandataires qui se partagèrent le Proche-Orient au début du XXe siècle.
Que tous soient rassurés : une fois cette guerre terminée, Israël continuera de se renforcer dans tous les domaines et réglera démocratiquement ses problèmes de politique intérieure. Reste à savoir si les Palestiniens poursuivront leur propagande victimaire, enseigneront encore la haine des Juifs dans leurs écoles, et s’emploieront à reconstituer, avec entre autres des financements de l’aide humanitaire occidentale, leur arsenal détruit à Gaza, ad vitam.