Compte rendu de l’EIPC 2023

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ELNET a tenu sa troisième International Policy Conference (EIPC) à Paris du 8 au 10 mai 2023. Le thème global de la conférence était « Normalisation au Moyen-Orient, guerre en Ukraine : défis et opportunités dans un ordre mondial en mutation ». 

Cet événement exceptionnel a réuni quelque 450 participants, 80 décideurs politiques et des leaders d’opinion venus d’Europe, d’Israël, des États-Unis et des pays arabes pour mettre en perspective la politique européenne au Moyen-Orient et les relations Europe-Israël.

La conférence a été organisée avec le soutien de Combat Antisemitism Movement (CAM), NGO Monitor et Brainlab. Les principaux responsables politiques européens ont appelé au renforcement des relations avec Israël, à l’augmentation de la coopération en matière de défense et ont dénoncé l’antisémitisme sous toutes ses formes. Les discussions ont porté sur des questions stratégiques auxquelles sont confrontés l’Europe et Israël. L’EIPC a montré comment Israël peut être un partenaire essentiel pour l’Europe dans les domaines de la défense, de l’énergie, de la sécurité alimentaire et de la technologie.

Des discours liminaires ont été prononcés par le vice-président du Sénat polonais Michal Kaminski, le député israélien Gideon Sa’ar, le président d’Israël S.E. Isaac Herzog, le ministre français de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, l’ambassadeur israélien S.E. Michael Oren, le président de la délégation européenne pour les relations avec Israël, le député européen Antonio Lopez-Isturiz White, l’ancien Premier ministre français Manuel Valls, le conseiller diplomatique du président israélien Zvi Vapni, la vice-présidente du Parlement européen Nicola Beer, l’ambassadeur de France en Israël S.E. Eric Danon et l’ancien Premier ministre israélien Yair Lapid. 

La conférence s’est articulée autour de neuf séances plénières et une quinzaine de tables rondes. Ces dernières ont abordé une variété de sujets tels que la situation en l’Iran, l’élargissement de l’OTAN, les Accords d’Abraham et leur impact sur l’Europe, les critiques envers le rejet d’Israël, les questions de cybersécurité, le rôle des ONG dans l’arrêt de l’incitation à la haine, les controverses constitutionnelles en Israël et en Europe, les menaces terroristes, la rivalité entre les États-Unis et la Chine, le conflit en Ukraine et la coopération humanitaire, la crise énergétique en Europe, le droit international en lien avec le conflit israélo-palestinien, le changement climatique, ainsi que l’innovation numérique dans le domaine de la santé.

Lors du dîner de gala, une distinction honorifique « the Voice of Conscience » a été attribuée à Madame Katharina von Schnurbein, coordinatrice de la Commission européenne pour la lutte contre l’antisémitisme. Ce prix vient marquer son engagement et son dévouement dans la lutte contre l’antisémitisme. La remise de cette récompense a été effectuée par Monsieur Manuel Valls, ancien Premier ministre français. Le Shofar qui lui a été offert, est un objet traditionnel juif utilisé pour émettre des proclamations publiques et appeler à l’action, aussi bien individuelle que collective.

Dans le cadre de cette conférence, ELNET a organisé une rencontre au Sénat français pour les membres de la Knesset en déplacement à Paris. Parmi les personnalités présentes figuraient les députés Gideon Saar, Merav Ben Ari, Boaz Bismuth, Oded Forer et Tsega Melaku. Les parlementaires ont eu l’occasion d’échanger avec une quinzaine de sénateurs parmi lesquels le vice-président du Sénat français, le sénateur Roger Karoutchi, qui occupe également la présidence du groupe d’amitié France-Israël.

Au cours de la conférence, a également été présentée la deuxième enquête d’ELNET sur Israël. Cette enquête a été partagée avec des parlementaires européens, recueillant ainsi leurs points de vue sur Israël, le Moyen-Orient et la vie juive en Europe. Plus de 380 parlementaires issus de 17 parlements européens, ainsi que du Parlement européen, y ont pris part. La grande majorité des participants considèrent les relations de leur pays avec Israël comme très bonnes ou plutôt bonnes (66%). En outre, 77% d’entre eux appellent à un renforcement de la coopération avec Israël, en mettant l’accent sur les domaines scientifiques et éducatifs, ainsi que sur la défense et la sécurité intérieure. Enfin, les politiciens européens estiment que leurs pays devraient s’engager davantage dans le cadre des Accords d’Abraham.

Les Accords d’Abraham

Les Accords d’Abraham ont été longuement abordés lors de nombreuses discussions, mettant en évidence le potentiel significatif pour l’Europe de collaborer étroitement avec Israël et les nations arabes. L’objectif était de trouver des solutions aux défis communs et de saisir les opportunités mutuelles. Lors d’une séance en petits groupes intitulée « Accords d’Abraham – Où est l’Europe ? », les intervenants Kerstin Muller, Lord Stuart Polack et l’ambassadeur S.E. Haim Regev, ont mis en lumière les possibilités d’implication accrue de l’Europe dans ces accords. Les échanges ont permis de discuter des moyens concrets par lesquels l’Europe peut prendre une part plus active dans cette dynamique.

L’Iran

L’Iran est l’un des défis stratégiques majeurs pour Israël et l’Europe abordés lors de la conférence. Une des premières tables rondes était consacrée à une discussion intitulée « Quelle stratégie pour un Iran du seuil ? » et a réuni des intervenants de renom tels que Benjamin Hautecouverture, chercheur à la Fondation pour la Recherche Stratégique, le Brigadier Général Nimrod Aloni, ancien commandant de la division de Gaza des Forces de défense israéliennes (FDI), le Dr. Ebtesam al-Ketbi, présidente et fondatrice de l’Emirates Policy Center, ainsi que Behnam Ben Taleblu, chercheur à la Fondation pour la Défense des Démocraties (FDD).

En outre, l’Iran a été l’objet de discussions approfondies lors de différents panels et échanges. Parmi ces sujets, les questions liées à l’alliance russo-iranienne ont été abordées, considérée comme potentiellement dangereuse, ainsi que les relations diplomatiques nouvellement rétablies entre l’Iran et l’Arabie saoudite, dont les négociations ont été facilitées par la Chine. Ces développements ont soulevé des problèmes de sécurité pour l’Europe et la région du Moyen-Orient, suscitant des débats et des réflexions nourries au sein du forum.

Il est à noter qu’au moment où se tenait la conférence d’ELNET à Paris, Israël a été la cible de près de 1 500 roquettes lancées depuis Gaza par l’organisation terroriste du Jihad islamique palestinien, une entité soutenue par l’Iran. En réponse à cette escalade, Israël a lancé l’opération « Bouclier et flèche ». Cet événement a amplifié l’importance et l’urgence des discussions sur l’Iran, soulignant la nécessité d’un engagement euro-israélien solide concernant cette problématique.

Les débats sur l’Iran ont pris une dimension particulière, mettant en lumière la nécessité de collaborations étroites entre l’Europe et Israël face aux enjeux complexes liés à l’Iran, qui ont des répercussions significatives sur la stabilité régionale et la sécurité internationale.

La guerre en Ukraine et ses implications pour l’Europe

La guerre prolongée en Ukraine a un impact profond sur le continent européen, influençant de manière significative les stratégies de défense européennes. En outre, au sein de l’OTAN, elle a entraîné une réévaluation des mesures de défense collective et la nécessité d’une coopération accrue entre les États membres. Les pays européens, déterminés à renforcer leurs capacités de défense, ont pris des mesures importantes pour augmenter leurs budgets et investir dans la modernisation de leurs systèmes. Israël, avec ses technologies de pointe, est un partenaire de choix pour des collaborations qui répondent aux besoins stratégiques européens. Par ailleurs, la crise énergétique à laquelle l’Europe est actuellement confrontée a ouvert la voie à de nouveaux partenariats avec Israël et les pays arabes de la région, tandis que l’expertise israélienne en matière de gestion de crise et de traumatismes de guerre a contribué à renforcer la résilience des différentes communautés.

Ces sujets ont fait l’objet de discussions approfondies au sein de l’EIPC. Les deux premières sessions plénières étaient consacrées à la nouvelle réalité européenne en matière de défense. Celle intitulée « La guerre en Ukraine et ses conséquences : quelle architecture de sécurité pour l’Europe ? », a vu s’exprimer les orateurs suivants: David Cattler, secrétaire général adjoint de l’OTAN pour le renseignement et la sécurité et le Général John Allen, ancien commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité de l’OTAN. La modération était assurée par le Général (ret.) Amos Yadlin, président du Forum de dialogue stratégique d’ELNET et ancien chef des services du renseignement militaire israélien. La seconde, intitulée « Les nouveaux défis de la sécurité européenne : Israël comme partenaire clé » a réuni le président de la commission des Affaires étrangères de Lettonie, le député Rihards Kols, Gén. (ret.) Amos Yadlin et la directrice du Forum de dialogue stratégique d’ELNET, Pascaline Wagemans, comme modératrice.

Au cours des différentes tables rondes, la question de la guerre en Ukraine a été analysée sous plusieurs angles : « Relance et expansion de l’OTAN », « Israël, l’Europe et la guerre en Ukraine : dilemmes géopolitiques et coopération humanitaire » et « Comment les nouveaux partenariats au Moyen-Orient peuvent-ils aider l’Europe à faire face à sa crise énergétique et sécuriser ses chaines d’approvisionnement? »

***

Sélection de citations entendues à l’EIPC :

David Cattler, secrétaire général adjoint de l’OTAN pour le renseignement et la sécurité :

« Israël est un partenaire de longue date de l’OTAN. La défense est un domaine clé dans lequel Israël est leader et peut apporter une contribution importante aux autres États. Des coopérations avec les alliés existent dans les secteurs de la haute technologie et de la défense, en particulier dans celui de la défense aérienne, qui est un domaine clé. J’espère que la nature des relations entre Israël et l’OTAN se développera, car nous pouvons faire beaucoup l’un pour l’autre en termes de sécurité mutuelle et d’échange de connaissances. »

Antonio López-Istúriz White, président de la délégation pour les relations avec Israël au Parlement européen :

« L’Ukraine a été notre signal d’alarme, même s’il y a eu de nombreux cas précédents – Crimée, Géorgie, etc. Nous ne pouvons plus nous contenter de vivre sous le parapluie américain. Nous réalisons maintenant que nous avons besoin d’amis – des amis loyaux et démocratiques – et Israël en fait manifestement partie. »

Michal Kamiński, vice-président du Sénat polonais :

« Nous n’aurons pas une Europe libre et sûre sans une Ukraine libre et sûre. Et nous n’aurons pas une Europe libre et sûre sans un Israël libre et sûr. »

Dr. Benedetta Berti, chef de la planification des politiques de l’OTAN :

« Nous sommes dans une phase de transformation des deux côtés de l’Atlantique. Nous considérions notre sécurité comme acquise. Il y a eu un changement d’état d’esprit stratégique. Le monde nous oblige à parler à nouveau le langage de la puissance. »

Benjamin Haddad, député et président du groupe d’amitié parlementaire France – Ukraine :

« Cette guerre en Ukraine n’est pas seulement géopolitique, mais aussi idéologique. Et il y a des similitudes avec Israël : Israël est attaqué parce que c’est une démocratie au Moyen-Orient. Nous partageons les mêmes valeurs. »

Anett Numa, responsable des relations gouvernementales et de la communication d’Accelerate Estonia :

« Israël est l’un des pays les plus en pointe en matière de cybersécurité. Pourquoi ne pas l’inclure dans les exercices de l’OTAN »

Boaz Bismuth, membre de la commission des Affaires étrangères et de la défense de la Knesset :

« L’aide humanitaire est un aspect très important de la coopération internationale. Il ne s’agit pas d’une question israélienne ou ukrainienne, mais d’une question qui concerne le monde entier. »

Tal Gat, conseiller politique à la mission d’Israël auprès de l’UE et de l’OTAN :

« Israël peut servir de facilitateur important pour renforcer la sensibilisation de l’OTAN auprès des pays du Sud à travers tous ses défis. »

Rihards Kols, président de la commission des Affaires étrangères de Lettonie (sur Twitter) :

« C’est ce que font les forums comme l’EIPC d’ELNET : grâce à des discussions approfondies, nous comprenons mieux, nous apprenons et nous découvrons que nombre des solutions que nous recherchons sont déjà connues ailleurs. L’Europe et Israël ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre, et je me réjouis de cette opportunité. »

Dani Dayan, Président de Yad Vashem :

« La différence entre le « plus jamais ça » superficiel et le « plus jamais ça » qui a du sens, c’est l’action politique. »

Lord Éric Pickles, envoyé spécial du Royaume-Uni pour les questions post-holocauste :

« Dans les médias en particulier, nous avons besoin d’un récit fort et solide qui ridiculise les opinions antisémites. »

Danny Danon, membre de la Knesset et ancien représentant permanent d’Israël auprès des Nations unies :

« Je voudrais vous encourager tous à faire venir des gens en Israël. Je parlais à de nombreuses personnes à l’ONU, mais ce n’est qu’après avoir visité Israël qu’elles ont compris l’ensemble de la situation. »

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Antisémitisme et délégitimation d’Israël

Afin d’assurer la sécurité des communautés juives en Europe, les intervenants se sont penchés sur les menaces croissantes que représentent l’extrémisme, l’antisémitisme et la délégitimation d’Israël. Deux séances plénières ont été consacrées à ce sujet lors de la première journée. Les intervenants étaient Edwin Shuker, vice-président du Board of Deputies of British Jews ; Danny Danon, député de la Knesset et ancien représentant permanent d’Israël auprès des Nations unies ; François Zimeray, ancien ambassadeur de France pour les droits de l’homme ; le rabbin David Wolpe ; Dr. Felix Klein, commissaire du gouvernement fédéral pour la vie juive en Allemagne et la lutte contre l’antisémitisme ; Katharina von Schnurbein, coordinatrice de la Commission européenne pour la lutte contre l’antisémitisme ; Lord Eric Pickles, envoyé spécial du Royaume-Uni pour les questions post-holocauste et co-président de la Fondation britannique pour la mémoire de l’Holocauste et Dani Dayan, ancien ambassadeur et président de Yad Vashem. Les modérations étaient assurées par Catherine Shakdma-Perez et Joan Ryan, directrice exécutive d’ELNET UK.

Au cours des différentes breakout sessions, les thématiques suivantes ont été analysées

: « La ligne de partage entre la critique et le rejet d’Israël », « ONG et éducation : comment mettre fin à la l’incitation à la haine ? » et « Droit international et conflit israélo-palestinien ».

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Presse :

Plus de 25 articles ont été publiés en France, en Europe et en Israël.