L’ancien collaborateur de Benyamin Nétanyahou a annoncé jeudi l’inculpation prochaine du premier ministre israélien pour corruption et fraude.
Des opposants ont manifesté devant son domicile pour exiger qu’il soit plus pugnace et plus rapide dans ses investigations.
Le crâne dégarni et la barbe poivre et sel, ce père de six enfants à la voix suave n’a jamais montré de signe de partialité envers son ancien patron. Durant les deux années d’enquête visant Benyamin Nétanyahou, la pression est pourtant montée en crescendo de toutes parts. Durant des mois, des opposants ont manifesté devant son domicile pour exiger qu’il soit plus pugnace et plus rapide dans ses investigations. Dans le camp d’en face, celui du pouvoir, le premier ministre et son entourage souhaitaient qu’il classe sans suite les affaires en dépit des recommandations de la police qui réclamait son inculpation pour corruption et abus de confiance dans trois dossiers distincts. Si tel n’était pas le cas, ils demandaient avec insistance au haut magistrat de ne pas interférer dans la campagne des législatives du 9 avril. Laconique, le procureur général avait répondu dans un courrier adressé à l’avocat du premier ministre que son travail «se poursuivait comme prévu».
Un magistrat entre rigueur et professionnalisme
En janvier, dans un discours télévisé qu’il avait présenté comme «dramatique», Benyamin Nétanyahou avait appelé au rejet des allégations pesant contre lui. Il n’a de cesse de dénoncer un vaste «complot orchestré par la gauche». Une «chasse aux sorcières» ourdie, selon lui, par les médias avec la complicité de l’establishment policier et judiciaire. C’est dans ce climat de passion exacerbée que la tombe du père du procureur général a été vandalisée.
«Mandelblit est un homme qui a toujours placé au-dessus de tout l’État de droit.»
Réputé pour sa rigueur et son professionnalisme, Avichai Mandelblit a gardé le cap en suivant son agenda judiciaire. «Nétanyahou a le droit de se défendre et c’est ce qu’il fait, mais Mandelblit est un homme qui a toujours placé au-dessus de tout l’État de droit», reconnaît Boaz Bismuth, le directeur de la rédaction d’Israel Hayom, le quotidien gratuit à fort tirage favorable au premier ministre.
Lorsqu’il était l’avocat général de Tsahal, le juriste avait été pris à partie par des extrémistes pour avoir inculpé des soldats israéliens, dont l’un était accusé du meurtre d’un Palestinien durant l’opération «Plomb durci», en 2009, à Gaza. Il s’était également opposé au rapport Goldstone, commandé par les Nations unies, qui reprochait à Israël le bombardement intentionnel des infrastructures économiques du Territoire palestinien et des attaques volontaires contre des civils. L’ancien général a pris l’habitude des coups. Il n’ignore pas qu’il va, au cours des prochaines semaines, subir un pilonnage comme il n’en a jamais connu.