Nétanyahou en colère contre la Belgique

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Par le Monde – Piotr Smolar


Le premier ministre belge Charles Michel a rencontré des ONG de défense des droits de l’homme en Israël. Ce qui irrite Benyamin Nétanyahou.

Voilà une colère soigneusement calculée. Dans la soirée du mercredi 8 février, le bureau du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a publié un communiqué dans lequel il annonce la convocation de l’ambassadeur belge en Israël, Olivier Belle, au ministère des affaires étrangères, pour réprimande. La raison : le premier ministre Charles Michel, en visite officielle dans le pays, a rencontré deux organisations non gouvernementales israéliennes, Breaking the Silence (« Rompre le silence ») et B’Tselem, quelques heures après avoir vu M. Nétanyahou. Sans se cacher le moins du monde, à l’hôtel King David, le plus fameux de la ville.

Une initiative, est-il écrit dans le communiqué, que les autorités considèrent « avec une extrême gravité ». « Le gouvernement belge doit décider s’il veut changer de direction ou continuer dans une ligne anti-israélienne », poursuit le texte. Il fait notamment référence à l’enquête judiciaire en cours à Bruxelles pour « crimes de guerre » après la plainte d’un collectif de familles de victimes de l’opération militaire « Plomb durci », menée par Israël fin 2008 et début 2009 dans la bande de Gaza.

Offensive sans précédent

Depuis deux ans, la droite a lancé une offensive sans précédent contre les organisations non gouvernementales défendant les droits de l’homme et documentant l’occupation en Cisjordanie. En juillet 2016, la majorité a voté une loi à la Knesset exigeant des ONG qui reçoivent la plus grande partie de leurs fonds de l’étranger de le signaler dans chacune de leurs interventions publiques. Lorsque Hagai El-Ad, le directeur de B’Tselem, a dénoncé les ravages de l’occupation devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le 14 octobre 2016, certains députés ont demandé qu’il soit déchu de sa nationalité. En janvier, un projet de loi interdisant à Breaking the Silence d’organiser des événements dans les établissements scolaires est passé en lecture préliminaire à la Knesset. Aujourd’hui, M. Nétanyahou veut empêcher par la loi le financement par des gouvernements étrangers d’ONG qui porteraient « atteinte aux soldats ». Breaking the Silence est encore dans la ligne de mire.

En déplacement à Londres le 6 février, M. Nétanyahou a ainsi demandé à son homologue, Theresa May, de mettre un terme au financement d’organisations « hostiles à Israël ». Le lendemain, la ministre de la culture, Miri Regev, s’en est prise une nouvelle fois à Breaking the Silence, appelant la mairie de Jérusalem à empêcher la tenue d’une conférence dans la galerie d’art contemporain Barbur. Celle-ci devait être consacrée au rapport récent de l’organisation sur les liens étroits entre l’armée israélienne et les colons en Cisjordanie. Le maire Nir Barkat a cédé, prétextant de raisons administratives. « On voit hélas de plus en plus de tentatives pour censurer et éteindre les voix dissidentes, assure Yehuda Shaul, figure historique de l’ONG. Tristement, Barkat se soumet au bon vouloir de personnalités racistes pour fermer une galerie qui voulait juste tenir une conversation sur l’occupation. »