Mahmoud Abbas, leader contesté d’un Fatah en crise

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Le 7e congrès du Fatah, le parti au pouvoir en Cisjordanie, s’est tenu du 29 novembre au 3 décembre. Il était supposé permettre de resserrer les rangs autour du président Mahmoud Abbas, 81 ans, reconduit dès le premier jour à la tête du parti. Pour autant, sa légitimité est contestée. Malgré son omniprésence dans la vie politique palestinienne, la question de sa succession est dans tous les esprits et nombreux sont ceux qui se sont demandé s’il allait  profiter du Congrès pour évoquer un éventuel successeur. Depuis 2006, les divisions avec le Hamas, rival historique du Fatah, empêchent la tenue d’élections nationales. Par conséquent, le mandat présidentiel court toujours, bien qu’il soit expiré depuis 2009.

Mercredi, Mahmoud Abbas a défendu son bilan à la tête de l’Autorité palestinienne. Dénonçant toutes les formes de violence, il a souligné les avancées obtenues sur le plan international, avec l’obtention du statut d’Etat observateur non-membre aux Nations unies en 2012. Il a rendu hommage aux accords d’Oslo lors de son discours prononcé mercredi, lors du congrès de son parti, le Fatah, à Ramallah, le premier à se tenir depuis 2009. L’année 2017 sera « l’année de l’Etat palestinien et la fin de l’occupation israélienne », a-t-il promis, ajoutant que le Fatah intensifiera « la résistance pacifique populaire » sous toutes ses formes.

Le président palestinien, aux commandes du Fatah, de l’OLP et de l’Autorité palestinienne depuis la mort de Yasser Arafat en 2004, est ainsi revenu sur la stratégie diplomatique de son administration d’internationalisation de la cause palestinienne. « Les Palestiniens adhèreront à toutes les organisations de l’ONU (…) Nous irons au Conseil de sécurité de l’ONU pour demander la pleine adhésion », a-t-il ajouté. « Nous n’acceptons pas un Etat juif », a martelé Mahmoud Abbas. « Si Israël va à l’ONU et fait reconnaître une ‘république nationale juive d’Israël’, alors ils auront une reconnaissance internationale », a-t-il ironisé à la tribune. Le ministre israélien de l’Energie, Youval Steinitz, a dénoncé une « mauvaise blague » du leader palestinien qui « reconnaît de fait qu’Israël existe, mais ne reconnaît pas son droit à exister ! ».


Derrière le discours de Mahmoud Abbas, se cache une autre réalité. L’homme qui dirige également l’Autorité palestinienne et l’OLP est confronté à une vive opposition. Qualifié de « dictateur » par une partie de son entourage, il doit aussi faire face aux critiques de Mohammed Dahlan, ancien responsable de l’antiterrorisme palestinien, grand absent du congrès, et qui vit en exil depuis. Dans une interview au Mondepubliée le 25 novembre, celui-ci affirmait que « l’Autorité palestinienne, aujourd’hui, c’est l’Afrique : zéro démocratie ! ». Ces derniers mois, les pays du Quartet arabe (Egypte, Jordanie, Emirats arabes unis, Arabie saoudite) ont fait pression sur Mahmoud Abbas pour qu’il se réconcilie avec avec Mohamed Dahlan mais le vieux raïs a décidé d’ignorer ce qu’il considère comme une ingérence. Depuis avril, Riyad a pourtant cessé de verser près de 20 millions de dollars par mois.

De nombreux responsables du Fatah, conscients du discrédit qui touche leur organisation, voudraient une révision complète des institutions et de la stratégie mais Mahmoud Abas demeure impassible. Pour éviter les critiques, il a appelé le Hamas, parti rival, à participer à de nouvelles élections générales, dont lui-même avait ordonné l’annulation en octobre dernier, redoutant une défaite. Pour l’heure, rien n’indique que l’organisation terroriste laissera le chef du Fatah imposer ses conditions. Dans l’attente d’une clarification côté palestinien, Israël se prépare à une guerre de succession qui pourrait lui coûter.