Ambassade américaine à Jérusalem : la décision de Trump prévisible

Share on facebook
Share on twitter
Share on linkedin
Share on print
Share on email

Le transfert de l’Ambassade américaine à Jérusalem promis par Donald Trump lors de sa campagne, n’aura finalement pas lieu, pour l’instant. « Le président Trump a pris cette décision pour maximiser les chances de négocier avec succès un accord entre Israël et les Palestiniens », a expliqué la présidence dans un communiqué. La Maison Blanche s’est toutefois défendue de tout renoncement et a réaffirmé que Donald Trump avait bien l’intention de déménager l’ambassade.

Une loi du Congrès de novembre 1995, intitulé le Jerusalem Embassy Act, établit que la représentation diplomatique de Washington en Israël doit se faire à Jérusalem, reconnaissant ainsi de facto cette ville comme la capitale du pays. Or depuis deux décennies, une clause dérogatoire à cette loi permet à l’exécutif américain de bloquer son application et depuis la fin des années 1990, tous les présidents américains l’ont signée tous les six mois, maintenant alors l’ambassade américaine à Tel-Aviv.

L’annonce de Donald Trump n’a en réalité rien de surprenant. Lors de sa tournée au Proche-Orient, le président américain avait émis des signaux très clairs, en évitant soigneusement d’évoquer la question de Jérusalem alors qu’une partie de la classe politique attendait qu’il désigne la ville comme la Capitale indivisible d’Israël. Il s’est aussi abstenu de tout commentaire sur la solution à deux Etats. Alors pourquoi a-t-il pris hier comme motif l’urgence de faire avancer les pourparlers entre Israéliens et Palestiniens ? Les Saoudiens, avec qui il a signé 380 milliards de dollars de contrats ont-ils pesé dans sa décision ? Il n’est effectivement pas exclu que Donald Trump ait voulu ménager son allié sunnite aujourd’hui plus enclin à s’investir dans le processus de paix et plus proche d’Israël avec qui il partage un ennemi, l’Iran.

D’autres raisons sont également à prendre en compte. Les Palestiniens, des dirigeants arabes et même l’ancien secrétaire d’Etat américain, John Kerry, ont plusieurs fois mis en garde contre le risque d’une explosion de violence en cas de déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem. En janvier dernier, les responsables de l’armée israélienne, de la police et du Shin Bet, avaient présenté au Premier ministre Benjamin Netanyahou et à plusieurs ministres, dont le ministre de la Défense Avigdor Liberman et le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan, plusieurs scénarios qui pourraient se dérouler après un éventuel déplacement de l’ambassade.

« Même si Israël est déçu que l’ambassade ne soit pas déplacée pour l’instant, nous apprécions l’expression d’amitié envers Israël du président Trump d’aujourd’hui [jeudi] et son engagement à déplacer l’ambassade dans le futur », a déclaré le Premier ministre israélien dans un communiqué. Zeev Elkin, le ministre des Affaires de Jérusalem, a regretté que le président américain ne tienne pas « une importante promesse électorale ». Isaac Herzog, le chef de l’opposition, a quant à lui déclaré que la signature de la clause  devrait apprendre à Netanyahu qu’il n’y a pas de raccourci en diplomatie : « Il n’y a pas de raccourci, a-t-il dit. Quiconque cherche une reconnaissance internationale doit conclure un accord politique courageux, et ce que Trump comprend, j’espère qu’après 50 ans, Netanyahou le comprendra. »

Si Donald Trump ne cesse de marteler qu’il souhaite réconcilier Israéliens et Palestiniens par un « deal » qui s’apparente à un accord de paix, la réalité et la complexité du terrain lui font, pour l’heure, faire machine arrière sur ses promesses de campagne.  Si les Etats sunnites s’impliquent dans le processus et parviennent à mettre les parties autour d’une même table, il y a de fortes chances que le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem soit à nouveau reporté dans 6 mois.