RÉCIT – Le président démocrate a pris des dizaines de décrets sur le Covid, l’environnement et les discriminations.
Depuis son entrée en fonction, Joe Biden a déjà établi un record en signant en sept jours une quarantaine de décrets présidentiels, directives et mémorandums. La plupart sont des «executive orders», qui entraînent une action immédiate de l’Administration, les autres n’étant que des «executive actions», directives moins contraignantes. Une partie de ces décisions visaient à annuler des dispositions prises par Donald Trump, notamment en matière d’immigration ou d’environnement. D’autres étaient conformes aux promesses de campagne du président démocrate: soutien économique aux ménages, lutte contre le changement climatique et les discriminations raciales ou sexuelles.
Mais le principal effort de la nouvelle administration porte surtout sur la lutte contre la pandémie, notamment en matière de production et distribution des vaccins. S’inspirant de la politique d’intervention de l’État fédéral, menée par Franklin Roosevelt pour lutter contre la récession dans les années 1930, puis pour mobiliser l’économie au cours de la Seconde Guerre mondiale, Biden a dans la plupart de ces domaines entrepris de réintroduire l’action et les normes de l’État fédéral, au lieu de déréguler et de déléguer aux États comme son prédécesseur.
Décrétée comme une urgence nationale, la pandémie a été l’objet d’une dizaine de mesures. Pour accélérer le rythme de la vaccination contre le coronavirus, un accord était sur le point d’être conclu avec Moderna et Pfizer, les deux principaux fabricants, pour acheter 100 millions de doses supplémentaires, ce qui permettrait de vacciner la quasi-totalité de la population américaine avant la fin de l’été. Biden a aussi promis que les États verraient augmenter leur allocation de vaccins d’environ 16 % et seraient aussi prévenus en amont des livraisons afin de leur permettre une distribution plus efficace.
La construction du mur frontalier avec le Mexique a été suspendue.
Le port du masque obligatoire au niveau fédéral et dans les voyages nationaux et internationaux (qui autorise les compagnies de transport à les imposer), le rétablissement de la limitation des entrées sur le territoire américain, que Trump avait suspendue lors des derniers jours de sa présidence, l’élargissement de l’accès aux traitements contre le virus, la collecte au niveau fédéral des données sur la pandémie, et le financement de la mobilisation de la Garde nationale figurent aussi parmi les mesures prises par la nouvelle administration. Au lieu de laisser les États de l’union se débrouiller seuls, les agences fédérales centraliseront la gestion des équipements, des tests et des vaccins, mais aussi des directives sur le fonctionnement des écoles et des entreprises pendant la pandémie. Une conférence de presse régulière des responsables de la santé publique a été rétablie.
Le volet économique de la pandémie a également fait l’objet d’une série de dispositions. Les programmes d’aide alimentaire ont été augmentés, les dettes des étudiants et des anciens militaires gelées, l’assurance-chômage étendue, et la distribution des prestations sociales et aides financières facilitée.
«New Deal vert»
La nouvelle Administration est par ailleurs revenue sur les dérégulations de la politique du logement voulues par Trump, le recours aux prisons privées par l’État fédéral, la reconnaissance de la souveraineté des agences tribales indiennes. Des directives ont aussi visé la xénophobie et les discriminations liées au sexe, comme dans l’armée.
Plusieurs mesures prises par la précédente Administration concernant l’immigration ont été abrogées. La construction du mur frontalier avec le Mexique a été suspendue, l’interdiction d’entrée sur le territoire américain aux ressortissants de plusieurs pays musulmans levée, et la naturalisation de certaines catégories d’immigrants illégaux facilitée.
Un autre volet du programme démocrate concerne le changement climatique, l’une des autres priorités du nouveau président. Parmi les dispositions qui devaient être adoptées mercredi figure le gel de l’attribution de nouvelles concessions d’exploitation sur les terres et dans les eaux fédérales, et la fin des subventions aux industries pétrolières et gazières.
Joe Biden s’est fixé pour objectif d’éliminer la pollution due aux combustibles fossiles dans le secteur de l’électricité d’ici à 2035 et dans l’ensemble de l’économie d’ici à 2050, et d’accélérer la croissance des énergies solaire et éolienne. Ces mesures, surnommées le «New Deal vert», sont parmi les plus dangereuses politiquement. Même si le camp du président affirme qu’investir dans les énergies «propres» permettra de créer des millions d’emplois, ces décisions se heurtent à une forte opposition des industries du pétrole et du gaz, ainsi que de nombreux législateurs républicains, et même démocrates. La suspension du projet d’oléoduc Keystone XL, décidée par Biden le premier jour de son mandat, a déjà été critiquée pour ses conséquences sur des milliers d’emplois.