Le Forum des familles d’otages met la pression sur le gouvernement israélien pour obtenir leur libération, alors que le futur de la trêve avec le Hamas est incertain.
Poussés par un sentiment d’urgence, les proches des otages israéliens mettent toute la pression sur leur gouvernement. 520 jours après l’attaque terroriste du 7 Octobre, 59 personnes sont toujours aux mains du Hamas dans la bande de Gaza, dont 35 ont été déclarées mortes. Le sort des survivants est en balance car il est encore difficile de savoir si c’est la guerre ou un développement du cessez-le-feu qui se profile. Côté israélien, les deux options sont sur la table.
Les membres du Forum des familles d’otages, et derrière eux tous les Israéliens mobilisés depuis 17 mois, suspectent le gouvernement de Benyamin Netanyahou de préférer la reprise des combats au prolongement de la trêve. Cela mettrait en danger les derniers otages en vie : le Hamas en a fait la menace.
C’est pourquoi, samedi soir, à Tel-Aviv, Jérusalem ou Haïfa, ils sont à nouveau descendus dans la rue, agitant les drapeaux israéliens ornés du ruban jaune, la couleur du mouvement, battant des tambours, brandissant des panneaux appelant à la paix ou interpellant Donald Trump, artisan bien plus fiable selon eux pour la libération des otages que ne l’est Benyamin Netanyahou. « Tous ! Maintenant ! », scande la foule. Mais, malgré le bruit et les banderoles, la tristesse est palpable.
À Tel-Aviv, environ 300 personnes ont planté des tentes devant la Kyria, le quartier général de l’armée israélienne. Tant que des otages resteront aux mains du Hamas, elles ont l’intention de rester dans ce lieu symbolique, point de ralliement des manifestants depuis le début de la guerre. Figure du mouvement, Einav Zangauker est venue s’adresser à elles dimanche matin.
Son fils, Matan, est otage. « Nous devons rester dans les rues, nous adresser à nos dirigeants avec cette simple demande : la mise en œuvre totale de l’accord (avec le Hamas, NDLR) et le refus d’une reprise de la guerre. La reprise des combats ne nous ramènera pas nos otages, elle les tuera et nous ne pourrons même pas savoir où se trouvent leurs corps », lance-t-elle.
Récupérer son père
Dans la tradition juive, il est fondamental de récupérer les dépouilles de ses proches pour les enterrer convenablement. C’est ce qui explique, en partie, le combat de Boaz Zalmanowicz, dont le père, Aryeh, 86 ans, a été pris en otage le 7 Octobre lors de l’attaque du kibboutz Nir Oz. Il est mort après 40 jours de captivité et ses restes sont détenus par le Hamas.
Samedi soir, grimpant sur l’estrade installée rue de Gaza, à Jérusalem, près de la résidence du premier ministre, Boaz Zalmanowicz a longuement parlé aux manifestants. « Je leur ai dit que récupérer nos otages, morts ou vifs, est une question morale, explique-t-il. Les abandonner représente une plus grande menace pour Israël que le Hamas lui-même. Je ne parle pas seulement d’une crise de confiance envers notre gouvernement et nos institutions. Si nous laissons faire ça, notre société va se désintégrer. »
Une des premières mesures de Donald Trump à l’égard d’Israël a été la reprise des livraisons de bombes, interrompues par son prédécesseur. Fort du feu vert de l’Administration américaine, le gouvernement israélien prépare activement une reprise des combats. Nouveau chef d’état-major israélien, Eyal Zamir est aux commandes depuis jeudi dernier. Selon les médias israéliens, il est en train d’élaborer un nouveau plan d’invasion de la bande de Gaza, où le Hamas, depuis le début de la trêve, le
19 janvier, s’affairerait à reconstruire des lignes de défense. D’après Amos Harel, le spécialiste défense du journal Haaretz, l’objectif d’une nouvelle opération serait « une attaque très agressive », étendue à tout le territoire, avec de nouveaux déplacements de population et la prise en charge de l’aide humanitaire par l’armée israélienne.
« Idiot utile »
Tous les Israéliens ne sont pas favorables à un accord avec le Hamas. Bravant la foule des manifestants, un homme brandit une pancarte. « Ils veulent tout abandonner au Hamas, juste pour récupérer les otages. Mais est-ce qu’ils ont oublié Gilad Shalit ? » Otage du Hamas pendant cinq ans, ce soldat israélien avait été libéré, en 2011, sous le gouvernement de Benyamin Netanyahou, contre 1 027 prisonniers palestiniens, dont Yahya Sinwar, qui allait devenir le cerveau de l’attaque du 7 Octobre.
C’est un schéma similaire qui est en cours actuellement, avec des échanges d’otages contre des prisonniers palestiniens. « Si nous refaisons la même erreur, nous allons subir les mêmes conséquences dans l’avenir », peste cet homme. « Tu n’es qu’un idiot utile », lui répond un manifestant.
Moins bruyantes que les bruits de bottes, les négociations se poursuivent avec le Hamas se poursuivent pourtant. Les États-Unis et le mouvement islamiste se parlent maintenant sans intermédiaire. Une équipe israélienne devrait se rendre lundi au Qatar. Les termes d’un nouvel accord restent pour l’heure assez nébuleux. Mais pour les proches des otages, il n’y a qu’un impératif.