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Israël ouvre une opportunité historique pour l’Occident

ANALYSE Le rétablissement de la position d’Israël, dont la chute de Bachar el- Assad est l’une des dernières manifestations, révèle à quel point l’importance du rétablissement d’un rapport de force et le courage stratégique peuvent changer la donne.

Par Laure Mandeville

Il y a un an, Israël connaissait ce que Bernard-Henri Lévy a bien décrit, dans un livre récent, comme une immense solitude. Frappé par le Hamas, il venait de subir une attaque terrifiante, voyant les siens massacrés et pourchassés comme des animaux, lors des tueries sauvages du 7 Octobre. À travers le Moyen-Orient, ses ennemis, l’Iran en tête, se frottaient les mains, et les analystes de sécurité nationale parlaient savamment de « la fin de l’invincibilité » israélienne.

Et c’est vrai que, pour Israël, le choc était dévastateur. Malgré son gigantesque appareil militaire, l’État hébreu n’avait pas vu venir l’ouragan fomenté en sous-main par l’ennemi perse et ses proxys pour bloquer le rapprochement israélo-arabe des accords d’Abraham.

Le Hezbollah, flairant sa faiblesse, se crut autorisé à pilonner le nord d’Israël, forçant des milliers de civils à fuir. Et, coup de poignard supplémentaire, Israël vit la jeunesse éduquée d’Occident et toute une gauche décoloniale alliée aux islamistes, se dresser… contre lui, le sommant dès les premiers jours, de stopper la guerre – il est vrai cruelle pour les civils palestiniens. Même Biden devint avare de soutien. Par un tour de passe idéologique honteux, l’État hébreu devint le pouvoir impérialiste « génocidaire » qu’il fallait arrêter au nom des victimes civiles. Même la CPI s’en est prise à Netanyahou, le rabattant au niveau des terroristes du Hamas.

Courage stratégique

Le premier ministre israélien n’est certes pas exempt de critiques. Mais tout de même ! Le plus remarquable est qu’Israël n’ait pas vacillé dans cette traversée solitaire. Le généralissime Alexandre Souvorov avait érigé en son temps trois qualités majeures qui font l’étoffe d’un leader : la vision d’ensemble, la vitesse et la persistance. Force est de constater que les généraux israéliens ont excellé dans les trois disciplines pour laminer le Hamas et le Hezbollah, afin que « jamais plus », ils ne répètent le 7 Octobre. Ce courage stratégique a suscité un ébranlement tectonique dont la chute d’Assad est l’une des conséquences. Il a changé la donne stratégique.

Quelle leçon pour nos « réalistes », si souvent tentés de déclarer l’axe des dictatures anti- occidentales si puissant qu’il faudrait se précipiter pour lui céder sur tout. La question est désormais de savoir si Trump et les Européens sauront en tirer avantage. Où en est l’Europe, en matière de rétablissement d’un rapport de force face à une Russie poutinienne, qui affiche ouvertement ses intentions de destruction de l’ordre européen, y compris avec le feu nucléaire ? Qu’attend-elle pour réarmer, alors que seuls les Polonais le font de manière crédible ?

Une autre question est de savoir ce que Trump, hésitant entre reaganisme et isolationnisme, fera de l’opportunité qui s’ouvre. Car derrière la chute d’Assad, se profile l’affaiblissement de Téhéran et de Moscou. Un « cadeau » dont le président américain doit profiter pour aborder Poutine en position d’absolue fermeté. Pour faire gagner l’Ukraine, c’est-à-dire nous.