Ohad Yahalomi, un père de famille de Nir Oz, est le 50e mort français à la suite des attaques meurtrières du 7 octobre 2023. Sa dépouille, qui devait être rendue dans la nuit de mercredi à jeudi avec trois autres otages décédés, clôt une journée de deuil en Israël, qui enterrait les petits Bibas.
Par Roselyne Harel, correspondante à Tel-Aviv (Israël)
Comme l’ex-otage Yarden Bibas, dont le patronyme est devenu synonyme de la cruauté du Hamas, Ohad Yahalomi, le dernier captif français qui résidait lui aussi au kibboutz Nir Oz, aura tout fait pour défendre sa famille le 7 octobre 2023. Mais alors que le calvaire du père des enfants Ariel et Kfir Bibas, tués en captivité avec leur mère Shiri, et enterrés ce mercredi, a submergé d’émotion l’État j uif, celui de la famille Yahalomi, n’en demeure pas moins poignant.
Voilà en effet plus d’un an que le sort d’Ohad Yahalomi, dont un groupe palestinien allié du Hamas a affirmé ce mercredi qu’il allait restituer le corps à Israël ce mercredi soir, reste en suspens. Le 19 janvier 2024, les brigades Al-Nasser Salah al-Din avaient annoncé la mort de ce père de famille qui a eu 50 ans en avril dernier, dans un bombardement sur l’enclave palestinienne. L’armée israélienne n’avait jamais confirmé cette information. Quant à la diplomatie française, elle indiquait être « sans nouvelles » de lui.
« Nous n’avons pas obtenu de preuve de vie ou de preuve de mort le concernant », résumait ce début de semaine à Tel Aviv, Daniel Shek, ancien ambassadeur d’Israël en France, évoquant une triste mathématique : Ohad Yahalomi, inscrit sur la liste des 33 otages libérables lors de la première phase de la trêve entre Israël et le Hamas ne faisait pas partie des six derniers captifs vivants libérés samedi 22 février, dans le cadre de la première phase de l’accord de cessez-le-feu.
La France, 2e pays après Israël le plus meurtri par le 7 Octobre
Depuis l’entrée en vigueur de la trêve, ses proches se sont murés dans le silence. « Ils ne sont pas encore prêts pour les funérailles », confiait au Parisien un membre du Forum des familles d’otages et des disparus. Tandis que la diplomatie française se refusait à tout commentaire en amont, à la suite de l’expérience cauchemardesque de la famille Bibas, et aux rebondissements liés à la restitution du corps de la mère des enfants
Sur X, Emmanuel Macron a toutefois assuré être « de tout cœur avec la famille et les proches de notre compatriote Ohad Yahalomi ». « En ces heures suspendues de douleur et d’angoisse, la Nation se tient à leurs côtés », poursuit le chef de l’État, qui avait rendu il y a un an un hommage national aux victimes du 7 Octobre.
Une chose est sûre : le retour annoncé d’Ohad Yahalomi, aux côtés de trois autres otages également présumés morts, signera la fin d’un cycle douloureux pour l’Hexagone, le pays qui compte le plus de victimes du 7 Octobre après l’État hébreu. La France qui s’est battue pour la libération de ses binationaux, dont Ofer Kalderon, un autre résident de Nir Oz, relâché par le Hamas le 1er février, devra notamment panser les plaies de sa communauté juive comme celle des Franco-Israéliens, dont le traumatisme est immense.
« Le monde doit nous aider face à l’obscurantisme »
« Des barbares du Hamas ont assassiné de sang-froid les Bibas. Ils nous promettent de restituer des corps, dont celui d’Ohad, et nous échangeons des assassins vivants, pointait ce mercredi, avec un haut- le-cœur, la Franco-Israélienne Marie-Lyne Smadja, cofondatrice de Women Wage Peace (les femmes font la paix). Le monde doit se remettre en question et nous aider face à l’obscurantisme. »
La tragédie de la famille d’Ohad Yahalomi, un employé de l’Autorité de la nature, enlevé chez lui et blessé pendant l’assaut du Hamas le 7 octobre 2023, a d’abord été rapportée par son épouse, Bat-Sheva Lors de la funeste journée, cette enseignante au corps frêle a assisté au kidnapping de son fils Eitan, 13 ans, au kibboutz de Nir Oz, situé à moins de 2 km de la bande de Gaza, qui a vu disparaître le quart de ses membres, enlevés ou assassinés. Elle avait trouvé la force de s’arracher aux griffes de ses ravisseurs avec sa fille de 10 ans et son bébé. Son fils avait été libéré au bout de 52 jours de captivité.
Réinstallée avec ses enfants, à HaOgen, un autre kibboutz du centre d’Israël, peuplé par des rescapés de la Shoah, la jeune femme a expliqué qu’elle ne reviendrait pas vivre à Nir Oz. « La plupart des familles avec de jeunes enfants qui ont vécu ce désastre, laisseront à d’autres le soin de faire renaître ces localités frontalières », nous confiait-elle, fin septembre. À l’époque, Bat-sheva Yahalomi affirmait qu’elle faisait encore partie « de ceux qui croyaient à la paix ».