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Antisioniste obsessionnel et relais de la propagande du Hamas : qui est vraiment Hasan Piker, l’influenceur américain préféré de Jean-Luc Mélenchon ?

Depuis le 7 octobre, des rapprochements inattendus sont apparus entre ceux qui se présentent comme« les adversaires du génocide » à Gaza

Antoine Oberdorff

Les faits Professionnel de la conflictualité en ligne, le streamer américano-turc a acquis la plus vaste audience Twitch des Etats- Unis en multipliant les sorties anti-israéliennes, les points Godwin et les hommages aux terroristes islamistes. Retour sur lʼitinéraire dʼun personnage sulfureux qui en dit long sur les nouvelles affinités de Jean-Luc Mélenchon.

A chacun son influenceur. Quand Emmanuel Macron sʼoffre une cure hyper-protéinée avec le bodybuilder star de YouTube Tibo InShape en prime time sur TF1, Jean-Luc Mélenchon se trouve un nouveau « bro » sur le réseau social Twitch. Il sʼappelle Hasan Piker, rassemble plus de 2,8 millions dʼabonnés sur sa chaîne et sʼest notamment fait connaître outre-Atlantique pour la radicalité de son engagement propalestinien. De passage à Paris, le streamer américano-turc a ouvert son micro au leader de La France insoumise (LFI) pour parler de la nouvelle équation mondiale posée par Donald Trump, mais aussi et surtout de la tragédie humanitaire en cours à Gaza. Une conversation de près dʼune heure et demie, comme le théoricien de la révolution citoyenne les affectionne, sans contradiction ni filtre.

« LʼAméricain le plus intéressant que jʼai rencontré », jurait Jean- Luc Mélenchon à la fin de cet enregistrement Twitch visionné près de 400 000 fois. Pourtant, lʼanglais, ce nʼest pas son fort.

Heureusement, le fidèle collaborateur du « Vieux », Antoine Salles-Papou, avait été réquisitionné comme interprète pour

lʼoccasion. Dommage que cette jeune tête pensante de lʼInstitut La

Boétie nʼait pas mis à profit ses compétences linguistiques pour scanner le profil sulfureux dʼHasan Piker ? Une simple recherche aurait pourtant permis de cerner son obsession antijuive et sa complaisance envers le Hamas. A moins que la participation de Jean-Luc Mélenchon à cette session sur Twitch nʼait été pensée par les sorciers numériques de LFI, inconditionnels du buzz, pour produire de la conflictualité.

Ça nʼa aucune importance si des viols ont été commis le 7 octobre. Ça ne change absolument pas la dynamique

« Consanguins ». A tout juste 33 ans, Hasan Piker aligne à son tableau de chasse des polémiques qui nʼont rien à envier à celles que promène le triple candidat à la présidentielle. Elles lui valent de nombreuses accusations dʼantisémitisme jusque dans le camp démocrate. Parmi ses faits dʼarmes, le commentateur politique passé par le média progressiste « The Young Turks » a notamment minimisé les agressions sexuelles perpétrées contre des femmes israéliennes par le Hamas. « Ça nʼa aucune importance si des viols ont été commis le 7 octobre. Ça ne change absolument pas la dynamique », a-t-il assumé publiquement. Un relativisme qui nʼest pas sans rappeler les propos quʼavait tenus en novembre 2023 le député insoumis du Nord, David Guiraud au sujet des massacres commis sur le sol de lʼEtat hébreu : « Les boucliers humains, cʼest Israël qui lʼa utilisé. On sait ça, cʼest prouvé […] Le bébé dans le four, ça a été fait, en effet, par Israël. »

Le délit dʼapologie du terrorisme nʼexistant pas, en tant que tel, aux Etats-Unis, Hasan Piker a poussé le curseur toujours plus loin sous couvert de liberté dʼexpression. Pour lui, « tout putain de sioniste devrait être traité comme un putain de néo-nazi fanatique ». Et les Israéliens ? Ce ne sont que « des connards de consanguins ». Contrairement à Jean-Luc Mélenchon, Hasan Piker ne sʼembarrasse pas dʼun distinguo entre citoyen de confession juive et membre de Tsahal. Son hostilité envers Benjamin Netanyahu rejaillit sur un peuple tout entier. De manière générale, cet antisioniste militant considère que « aucune personne qui exprime le moindre sentiment positif à l’égard dʼIsraël ne devrait avoir le droit occuper la moindre fonction politique subalterne ».

Le 27 avril, The New York Times dressait le portrait dʼun « esprit progressiste dans un corps de MAGA », faisant de Hasan Piker le « Joe Rogan de gauche ». La comparaison avec le polémiste conspirationniste, transfuge de lʼUltimate Fighting Championship, aurait suffi à refroidir la plupart des présidentiables en France.

Mais pas Jean-Luc Mélenchon, visiblement sous le charme de cet idéologue subversif qui tantôt plaide le droit des personnes LGBT, tantôt diffuse les clips de propagande dʼorganisations islamistes sur sa chaîne.

Dieu est grand ! Mort à Israël ! Mort à lʼAmérique ! Que les juifs soient damnés !

Victoire pour lʼislam !

« Résistance ». Au nom de la « résistance », Hasan Piker juge, en effet, utile de partager avec ses followers les vidéos du Hamas.

Dʼen relayer quelques mots dʼordre à lʼinstar de celui-ci : « Nous continuerons de tuer des Israéliens avec nos armes localement assemblées ». De même pour les chants guerriers des rebelles Houthis du Yémen, quʼil fredonne sans retenue : « Dieu est grand ! Mort à Israël ! Mort à lʼAmérique ! Que les juifs soient damnés ! Victoire pour lʼislam ! »

Que pouvait-on attendre dʼautre dʼun provocateur qui, dès 2019, affirmait que « lʼAmérique méritait le 11 septembre » en raison de ses interventions au Proche et au Moyen-Orient ? Au vu dʼun tel pedigree, les responsables américains savent à quoi sʼattendre en allant dans le studio de celui qui a pris comme pseudo

« Hasanabi ». Le sénateur américain Bernie Sanders et la représentante Alexandria Ocasio-Cortez ont tenté lʼexpérience, le temps dʼune interview. Ils ont ensuite dû justifier devant leurs collègues du Parti démocrate dʼavoir donné de la visibilité, et donc du crédit, à cette sorte dʼAlain Soral made in USA. Dès septembre 2018, Jean-Luc Mélenchon flairait que « quand une campagne électorale voit un homme de gauche être traité dʼantisémite, cʼest quʼil nʼest pas loin du pouvoir ». Aiguillon dans la tempête, la diabolisation doit être recherchée en vue dʼune nouvelle candidature en 2027.

Retour sur le sol américain. Lundi 12 mai, Hasan Piker a été interpellé par la police aux frontières dès son arrivée à lʼaéroport de Chicago. Et non, il ne sʼagissait pas de vérifier quʼil transporte dans sa valise un exemplaire de Now the people !, le livre de Jean- Luc Mélenchon traduit en anglais. Lʼinterrogatoire aurait porté, selon lʼintéressé, sur son rapport au Hamas. « Je suis du côté des civils, je veux que le bain de sang interminable cesse. Je suis un pacifiste », a-t-il clamé. Avant de médiatiser cet événement sur ses réseaux sociaux comme une preuve de la répression des dissidents politiques par lʼadministration Trump. Son nouvel ami Jean-Luc Mélenchon sʼest fendu dʼun post sur X pour dénoncer une « police politique » et demander si le nouveau pape américain Léon XIV subirait le même traitement sur sa terre natale. Les graines dʼinsoumis comme Hasan Piker savent désormais où demander lʼasile.