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La 5ème édition du Sommet Européen sur la radicalisation islamiste et la menace terroriste organisée par ELNET France en partenariat avec la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), s’est tenue dimanche 27 mars en présentiel à l’Elysées Biarritz et en ligne, réunissant quarante experts, des personnalités politiques et issues de la société civile.

 

LAÏCITE, ISLAMISME ET COMMUNAUTARISME : L’HERITAGE REPUBLICAIN MIS A L’EPREUVE

Après l’introduction du Dr. Arié Bensemhoun, directeur exécutif d’ELNET, qui a rappelé les enjeux de ce sommet européen du fait de la prégnance de la menace islamiste, Jean-Michel Blanquer, en qualité de citoyen et non de Ministre de l’Education  en raison du contexte électoral, a pris la parole pour aborder la problématique que constitue l’islamisme. Celle-ci suppose selon lui subtilité, par le biais d’analyses plurifactorielles, et fermeté, pour ouvrir la voie à l’action. Ce qui joue au travers de ce combat, c’est la défense de la démocratie et de la République. Si l’on a souvent opposé ces deux notions dans l’histoire, a-t-il rappelé, elles sont pourtant indissociables. Cette unité est fondamentale dans notre environnement actuel.

De surcroît, au-delà de l’action de l’Etat, il est important d’avoir « une société mobilisée, informée, consciente ».

Pour Jean-Michel Blanquer, la menace terroriste ne saurait être isolée. Les déterminants ne sont pas uniquement socio-économiques, de même qu’ils ne pas seulement religieux. L’islamisme est avant tout un projet politique d’expansion. A cet égard, la laïcité est un outil juridique exceptionnel. La France a un logiciel politique spécifique qui lui confère une responsabilité particulière. Le combat est aussi sémantique en ce sens où il est impératif de désigner l’ennemi. Le discours des Mureaux du Président Macron, dans cette perspective, a donné une feuille de route, de même que la loi sur le séparatisme. Jean-Michel Blanquer a conclu son intervention en déclarant que la force de l’idée républicaine est réelle et que la France ne doit pas minimiser son pouvoir d’action.

TABLE RONDE

La première table ronde, modérée par Christophe Barbier, directeur de la rédaction de Franc-Tireur et éditorialiste chez BFM TV, a réuni Abnousse Shalmani, journaliste et chroniqueuse à L’Express et i24news, Me Richard Malka, avocat, scénariste et écrivain,  Djemila Benhabib, politologue et écrivaine, chargée de mission au Centre d’Action Laïque, et Iannis Roder, Directeur de l’Observatoire de l’éducation de la Fondation Jean-Jaurès et professeur d’histoire-géographie à Saint-Denis.

Dans un premier temps, chacun des intervenants a fait part de son ressenti quant à l’avenir de l’héritage républicain. Iannis Roder a évoqué l’inquiétude grandissante dans le corps enseignant après l’assassinat de Samuel Paty. Nombre de professeurs ont peur d’affronter les élèves. Ils ne sont pas formés à cette menace et s’auto-censurent pour se protéger. Si un élan a été donné par l’éducation nationale, le chemin sera encore long pour redonner confiance aux enseignants.

Interrogée sur la responsabilité des élites, Abnousse Shalmani, a souligné le paradoxe qui prévaut aujourd’hui avec une littérature riche sur l’islamisme et le tabou qui entoure pourtant le sujet. La journaliste a ainsi déclaré que le savoir à l’école avait été  abandonné, déplorant le niveau de l’enseignement et le nivellement par le bas.

Djemila Benhabib a quant à elle insisté sur le rapport qu’entretient l’Europe à l’islamisme, caractérisé par trois aspects : la dépolitisation, l’incohérence et le manque de vision. Si on veut éradiquer le terrorisme, selon elle, il faut comprendre la matrice idéologique. D’autre part, la dimension internationale est trop souvent oubliée. Pour la politologue, si l’islamisme paralyse des secteurs névralgiques de la société, il n’est pas trop tard pour y remédier.

Richard Malka a souligné le véritable tournant qu’a constitué la décapitation de Samuel Paty. La peur est entrée dans les esprits de tous. Il a regretté que certaines institutions comme les universités soient des « mondes perdues ». Comme l’avait déjà évoqué le sociologue Bernard Rougier, il n’est plus possible de faire de thèses sur l’islam ou l’islamisme sans être menacé.

La singularité française qu’est la laïcité est aujourd’hui prise en étau entre le retour du religieux et du communautarisme, alors qu‘elle est pourtant la solution aux deux problèmes en « neutralisant » l’espace public.

 

Après cette table ronde, Amine Elbahi, juriste, a livré son témoignage lors d’un entretien conduit par Nadjet Cherigui, grand reporter au Figaro Magazine. Le jeune homme de 26 ans s’est retrouvé au coeur d’une polémique après la diffusion d’un reportage de « Zone Interdite » sur l’islamisme à Roubaix. Menacé de mort, il a été placé sous protection policière, quelques jours après la diffusion de l’émission de M6.

Amine Elbahi a ainsi expliqué que le communautarisme s’est installé par voie d’inaction politique à droite comme à gauche. Les politiques n’ont pas agi soit par clientélisme, soit parce qu’ils ont été dupés. Certaines personnes se sont travesties en responsables religieux pour ramener la paix sociale. Il a évoqué le problème de la répartition des compétences entre l’Etat et les communes dans la lutte contre l’islamisme. Pour lui, « il faut reconquérir les territoires perdus, redonner goût au drapeau tricolore, arrêter les lois pansements, mieux former les élus et surtout, faire appliquer la loi ». Nous sommes encore confrontés à une forme de tabou face à a ce double front que constitue le salafisme et le frérisme.

Le juriste a conclu son propos en affirmant qu’il faudrait inclure le droit à la sécurité dans la constitution.

 

CONCLUSION

Directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop, Jérôme Fourquet a commenté pour l’Opinion la dernière étude commandée par ELNET sur le rapport des Français à l’islam, à la laïcité et à la menace terroriste.

La question de l’islamisme et des déséquilibres démographiques associés à l’immigration taraude le grand public. Plus de la moitié des Français (53 %) considèrent que les candidats à l’élection et les médias n’abordent pas suffisamment les questions liées à la lutte contre l’islamisme, perçu comme un danger pour la République par plus des trois quarts d’entre eux (77 %). L’autre sujet qui les inquiète est la menace terroriste.

La multiplication des attentats islamistes ces dernières années semble s’être accompagnée d’une forme d’accoutumance avec une population qui exprime une certaine résilience. Les attentats sont par conséquent presque appréhendés comme des « faits divers » émergeant de manière ponctuelle au sein du paysage politico-médiatique. Le faible nombre de victimes vient renforcer la « fait-diverisation » du phénomène.

 

 

LES FRERES MUSULMANS : UN CHEVAL DE TROIE ISLAMISTE AU CŒUR DES INSTANCES EUROPEENNES ?

TABLE RONDE

Cette deuxième table ronde, animée par Mélanie Déchalotte, journaliste indépendante, documentariste à France Culture, réunissait Anne-Clémentine Larroque, historienne, analyste spécialisée au ministère de la Justice, Lorenzo Vidino, islamologue, Directeur du programme sur l’extrémisme à George Washington University, et Amélie Myriam Chelly, sociologue, iranologue, chercheuse associée au CADIS EHESS-CNRS.

Anne-Clémentine Larroque est dans un premier temps revenue sur l’origine des  Frères musulmans pour poser les bases de l’islamisme politique. C’est ainsi qu’en 1928 la confrérie est créée au Nord Est du Caire à Ismailia par Hassan el-Banna, grand-père de Tariq Ramadan. Le contexte est crucial. Le sultanat califat de l’Empire ottoman se délite au début du 20ème siècle pour être supprimé en 1924. Plusieurs offres émergent alors à la fin de cette ère. Les Frères musulmans tirent aussi leur origine en amont d’un mouvement, la salafia, qui est un mouvement de revitalisation de l’identité islamique vis-à-vis des occidentaux qui arrivent au Moyen-Orient et vis-à-vis de l’islam que les Ottomans ne protègent pas assez, estiment-ils. Dans ce cadre, Hassan el-Banna crée la confrérie. Pour les Frères, l’islam est la solution. Le but est de protéger l’oumma. Parallèlement, les wahhabites, qui existent depuis le 18ème siècle, vont constituer un Etat, en 1932, qui sera l’Arabie saoudite.

L’historienne a également différencié les salafistes des Frères musulmans. Le frère musulman a-t-elle affirmé, voit son ennemi à l’extérieur de l’oumma (xénophobe) tandis que le salafiste voit son ennemi à l’intérieur de l’oumma (paranoïaque). Il y a aussi des différences sur le mode opératoire.

Amélie Chelly a, quant à elle, rappelé que les Frères musulmans sont salafistes mais tous les salafistes ne sont pas Frères musulmans. Le salafisme prend pour référence le temps des salafes, c’est à dire les trois premières générations du prophète – rigueur dans la pratique (orthopraxie), diabolisation des rapports inter-humains, volonté de revenir à un modèle califal qui a été détruit.

Dans les années 1970, une rupture s’est opérée au sein des Frères musulmans autour d’une notion fondamentale, le takfir, l’anathème. Le takfirisme fait partie du salafisme, c’est-à-dire qu’un salafiste ne reconnait pas les musulmans qui n’ont pas la même pratique. Les Frères musulmans, de leur côte, redoutent qu’on ne puisse pas gonfler les rangs si on rejette ces musulmans. Ainsi, on va voir émerger des salafistes non fréristes qui s’opposent au rejet du principe de takfir.

Les Frères musulmans sont plus « flexibles » et sont prêts à s’associer à des personnes qui n’appartiennent pas à la confrérie pour faire avancer ses pions.

 

Enfin, Lorenzo Vidino a abordé la question des réseaux. Dans les années 1960, des membres des Frères musulmans viennent en Occident dont un grand nombre d’étudiants. Ils comprennent dès lors le potentiel de l’Europe. Les diasporas sont les meilleurs publics cibles pour eux.  Ils visent également l’establishment et la société civile en se faisant passer pour des modérés, fiables.

Les Frères musulmans se sont implantés à Bruxelles du fait de la proximité avec les institutions. Ils jouent sur la naïveté et l’ignorance de leurs interlocuteurs et créent deux grandes organisations dans les années 1980 : la fédération des organisations islamistes et la Femyso pour les jeunes, qui a été à l’origine de la campagne au Conseil de l’Europe. Ce sont les seules organisations qui font un lobbying si intensif. Ils sont toujours présents, font de l’entrisme depuis 30 ans et font usage des mouvances comme le wokisme pour parvenir à leurs fins.

Lorenzo Vidino a conclu en disant qu’il n’y a malheureusement pas de solution facile, mais la France a un débat public puissant, bien plus que la plupart des pays européens. Anne-Clémentine Larroque a rappelé la nécessité d’agir par le haut et par le bas, réconcilier les mémoires et les histoires à l’école, faire parler les jeunes de leur identité.

 

 BLANCHIMENT, CRIME ORGANISE ET LUTTE CONTRE LE TERRORISME

Marie-Christine Dupuis-Danon, experte des questions de gouvernance financière et de finance criminelle, chercheuse associée à l’Institute for Counter-Terrorism (IDC Herzliya), est intervenue sur la question de la lutte contre financement du terrorisme qui constitue depuis 20 ans un levier stratégique du combat contre les organisations terroristes.

Tout ce qui a été mis en place jusqu’à présent permet deux choses principales : en interdisant de financer ou de lever des fonds au bénéfice d’organisations terroristes, on a considérablement compliqué la collecte des moyens de payer leurs combattants, leurs armes, leur propagande, leurs opérations etc. Par ailleurs, en traçant les transactions financières, on peut cartographier, étudier, relier des individus et des organisations, voire détecter de manière préventive des schémas comportementaux susceptibles d’indiquer l’imminence d’un passage à l’acte terroriste. Autrement dit, le renseignement financier tient une place importante dans l’arsenal de surveillance et de prévention du terrorisme, tout comme dans les enquêtes lorsque, hélas, le pire est advenu.

Marie-Christine Dupuis-Danon a évoqué les difficultés à lutter contre le financement du terrorisme. Depuis Daesh, les groupes terroristes sont dans une logique de financement par prédation et ponction sur les ressources des territoires où ils sont implantés.

Une autre difficulté tient à l’essor des crypto monnaies. Le train des crypto-actifs a été pris par Daesh et d’autres organisations depuis le début des années 2010. Les clés bitcoin ont très vite été partagées pour rémunérer les combattants ou pour appeler aux dons. Mais ces transactions pseudonymes (et non anonymes) sont traçables et ainsi, des plateformes sont apparues, qui proposent des services d’anonymisation par usage de mixers ou tumblers.

Le coût de revient de plus en plus faible des attentats constitue un autre frein. Si l’infrastructure terroriste est coûteuse, le développement d’actes de terrorisme low-cost a proliféré ces dernières années : un demi million de dollars pour le 11 septembre 2001, 80 000 euros pour le 13 novembre 2015, 2500 euros pour l’attentat au camion bélier de Nice le 14 juillet 2016, le prix d’un couteau de cuisine pour la décapitation du professeur Samuel Paty.

Le  contrôle de la nébuleuse associative est difficile et politiquement sensible. Les Charities et autres associations mélangent les genres entre action caritative, prosélytisme religieux, soutien aux Frères. Elles utilisent ce flou pour collecter des fonds, se réinventent sous une nouvelle dénomination lorsqu’elles en viennent à être interdites. En matière financière, a-t-elle conclu, la coopération entre les pays est indispensable, les législations « doivent se parler ».

 

 ISLAM, ISLAMISME ET TERRORISME : LE GRAND DEBAT

Michael Darmon, éditorialiste politique à i24news, a introduit le débat entre Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux, Djemila Benhabib, politologue et écrivaine, et Zineb El Rhazoui, militante des droits de l’homme et ancienne journaliste de Charlie Hebdo, en posant la question du problème identitaire auquel fait face l’islam en France aujourd’hui.

Selon Zineb El Rhazoui, ce problème ne pourra être réglé que par une décorrélation de l’islam par rapport à la question identitaire : les musulmans doivent avoir le sentiment d’être des Français comme les autres et les responsables religieux doivent accepter que l’islam soit traité comme n’importe quelle religion. Tareq Oubrou a fait remonter ce malaise aux premiers temps, l’islam étant parcouru depuis les origines par ce grand questionnement entre le spirituel et le temporel, le politique et le religieux. Si des ressources doctrinales existent pour donner une ligne de conduite aux fidèles, le Coran n’a de valeur que parce qu’il est interprété dans une culture et un temps donnés, s’adaptant aux coutumes du pays dans lequel vivent les croyants. Tout viendrait donc du rapport qu’entretiennent ces derniers avec les diverses interprétations et références du texte sacré. Pour Djemila Benhabib, il n’y a pas d’« islam » mais des « islams », certains étant compatibles avec la démocratie et les libertés, d’autres -comme celui des salafistes et des frères musulmans- aux antipodes de celles-ci. L’« islam de France » est un leurre car son institutionnalisation par Jean-Pierre Chevènement a écarté de fait la voix des laïcs musulmans, en préférant se tourner uniquement vers les religieux et les Frères musulmans au sein de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France). Ce faisant, la République ne considère pas que la réforme de l’islam puisse passer par des citoyens laïcs, qui peinent à trouver eux-mêmes en elle une interlocutrice solide.

À la question de la réforme de l’islam, Tareq Oubrou a répondu par un changement d’herméneutique au niveau individuel et une acculturation des savants, là où Zineb El Rhazoui a rappelé l’application stricte de la loi 1905 et Djemila Benhabib, prôné la rupture par un rejet clair de la violence par le religieux. Car la responsabilité de l’État est engagée : les libres-penseurs et laïcs musulmans sont abandonnés par les institutions, face à des militants identitaires disposant de relais importants et structurés auprès des pouvoirs publics (au niveau national et européen) : « Il est plus facile d’être un salafiste qu’un laïc musulman », a-t-elle alerté.

 

ISLAMISME ET ANTISÉMITISME EN FRANCE ET EN EUROPE

Introduite par David Khalfa, directeur des programmes d’ELNET France, cette table-ronde était animée par Christophe de Voogd, président du Conseil scientifique de la Fondapol et réunissait Alexandra Laignel-Lavastine, historienne et philosophe, et Günther Jikeli, professeur associé à Indiana University. Elle s’est attachée à montrer les liens entre islam, islamisme et antisémitisme, dont l’assassinat d’enfants juifs à Toulouse par Mohammed Merah reste pour beaucoup l’exemple-type.

 

Christophe de Voogd est d’abord revenu sur le travail de définitions sémantiques autour de ces notions et les difficultés méthodologiques rencontrées pour la « Radiographie de l’antisémitisme en France », réalisée par la Fondapol en partenariat avec l’ACJ en janvier 2022.

Alexandra Laignel-Lavastine a ensuite expliqué les raisons du déni français sur la question de l’antisémitisme arabo-musulman, qu’elle associe à une forme de repli et de lâcheté pour ne pas voir et nommer le réel. Il n’y a pas eu de réelle prise de conscience avant les attentats du Bataclan, selon elle. Günther Jikeli est revenu quant à lui sur les spécificités de cet antisémitisme, qui peut-être soit inspiré par l’idéologie djihadiste, soit dû à la persistance de préjugés tenaces pour des raisons identitaires voire culturelles chez les musulmans pratiquants et éduqués, d’après les différentes études comparatives menées entre la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Les statistiques restent pourtant limitées : la France empêche les statistiques ethniques et l’Allemagne a la particularité d’étudier cette question principalement sous le prisme de l’extrême-droite, minimisant les actes antisémites commis par des musulmans

Si une étude du temps long montre une tendance à la baisse des actes antisémites, la réalité du terrain contredit les statistiques selon Alexandra Laignel-Lavastine. Un antisémitisme décomplexé s’exprime de plus en plus chez la « génération djihad » abreuvée aux théories complotistes sur les réseaux sociaux et qui a tendance, par effet de miroir, à libérer celui de l’extrême-droite. Elle est aussi revenue sur la difficulté « psychique » (dénoncée par Tareq Oubrou après les attentats) à se désolidariser des « brebis galeuses », en raison du prisme antisioniste qui prévaut encore au sein de la communauté musulmane. Elle a alerté pour conclure sur l’indifférence générale, plaidant pour un sursaut collectif que « l’aveuglement volontaire de la bien-pensance » empêche aujourd’hui.

 

LES MUTATIONS DE LA MENACE TERRORISTE : DU DJIHAD GLOBAL AU DJIHAD LOCAL

Animée par Armelle Charrier, éditorialiste de politique internationale à France 24, cette table-ronde réunissait le Général Serge Cholley, ancien commandant de l’opération Chammal, et le Général de brigade Nitzan Nuriel, ancien directeur du bureau du contreterrorisme israélien. Il s’est agi de voir en quoi la chute de Daesh au Levant signifie une reconfiguration du terrorisme islamiste. Le Général Cholley a commencé par témoigner de son expérience au Levant. Envoyé par la France pour intégrer le commandement de la coalition aux côtés des Américains, son rôle a manifesté l’engagement et la projection de la France dans la lutte contre Daesh, suite aux attentats du Bataclan et de Nice, planifiés depuis Raqqa en Syrie. Il était alors question pour la France de ne plus être un simple exécutant au Levant. Cette réponse française n’a pas été minime selon lui : déjà engagée au Sahel, l’armée française a pourtant procédé à un nouveau déploiement aérien et d’artillerie, ainsi qu’à l’augmentation de ses capacités d’accompagnement de l’armée irakienne. Tout a été mis en œuvre en vue de prendre le contrôle de Raqqa, sanctuaire de Daesh en Syrie, en parallèle d’une offensive sur Mossoul en Irak, le califat étant à cheval sur les deux territoires. Pour forcer l’État islamique à quitter le champ de l’asymétrie, il fallait casser sa dynamique territoriale et sa capacité de projection militaire. Un autre enjeu était de contrer les flux de combattants étrangers en provenance de Syrie.

L’erreur de Daesh a été de combattre sur le terrain conventionnel, alors que la force d’Al-Qaeda a toujours été celle de la dispersion et d’un commandement diffus.

La situation israélienne diffère selon le Général Nuriel : Daesh n’y est pas combattu de la même manière. La menace n’est pas à l’extérieur des frontières mais bien présente sur le terrain israélien, à l’image de l’attentat commis le 27 mars à Hadera par deux Palestiniens ayant prêté allégeance à l’EI. En ce qui concerne la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme, Nitzan Nuriel a rappelé la grande implication d’Israël en faveur d’un partage du renseignement, que l’État hébreu a toujours eu à cœur de mettre à disposition de ses alliés, au nom du droit fondamental de l’humanité à vivre en sécurité. Il en va de même pour les technologies mises au point et qui ont permis de déjouer les attentats suicides, en nette chute dans le pays depuis quelques années.

Quelles sont les leçons pouvant être tirées de la chute de Daesh ?  Le Général Cholley a répondu à cette question en expliquant la prise de conscience qui s’est opérée chez les Américains, sur la dispersion de la menace au-delà des frontières du Moyen-Orient puisque celle-ci touche désormais l’Afrique, son nouveau sanctuaire. Le mode d’action d’Al-Quaeda est désormais le plus inspirant pour les terroristes puisque le califat géographique a été un échec. Les pays européens dont la France font face, quant à eux, au problème des anciens combattants, en attente d’être jugés et dont les condamnations doivent être à la hauteur. Le Général Nuriel a exprimé la crainte que la guerre en Ukraine ne devienne un nouveau front pour les combattants du Moyen-Orient : la présence d’une centaine d’entre eux dans les deux camps en témoigne. Les deux généraux ont conclu en s’accordant sur la nécessité d’un front uni au niveau international puisque le terrorisme et le radicalisme islamiste resteront un phénomène global, parfois instrumentalisé par les régimes qui les combattent pourtant, à l’instar de la question ouïghoure en Chine.

 

 

CONTAGION DJIHADISTE EN AFRIQUE : QUELLES STRATEGIES POUR LA LUTTE ANTITERRORISTE DE LA FRANCE ?

TABLE RONDE

Cette table ronde animée par Didier Lauras, journaliste et correspondant défense et diplomatie pour l’AFP réunissait, Alain Antil, directeur du Centre Afrique subsaharienne de l’IFRI, Michael Shurkin, directeur des programmes de 14 north Stratégies, ex-analyste à la Rand Corporation et à la CIA, Dr. Bakary Sambé, directeur régional du Timbuktu Institute à l’African Center for Peace Studies et Dr. Niagalé Bagayoko, présidente de l’African Security Secteur Network.

Didier Lauras, a ouvert la table ronde en évoquant les différentes interventions françaises en Afrique avec l’opération Serval (2013), l’opération Barkhane (2014), et en rappelant la volonté annoncée du Président Emmanuel Macron de réorganiser l’opération Barkhane et 2022 et la volonté du Mali de voir la France quitter le pays. Il a également parlé du rôle crucial des mercenaires de la société Wagner, proche du Président Vladimir Poutine qui a totalement changé le paysage malien. 

Alain Antil a expliqué que le nombre de victimes avait été multiplié par 100 en Afrique entre 2015 et 2021. Ainsi, le Burkina Faso qui faisait état de 23 victimes en 2015 en compte 2 344 en 2021, idem pour le Mali qui comptait 434 victimes en 2015 contre 1 915 en 2021. Ces chiffres s’expliquent par l’extension de ce conflit sur une grande partie du continent et par l’apparition de plusieurs acteurs dont des milices d’autodéfenses qui tuent elles aussi  des civils, à l’image des salafistes.

Cette extension du conflit se joue principalement sur deux zones : le nord du Bénin et le nord-est de la Côte d’Ivoire. Alain Antil, s’inquiète également du risque sécuritaire important sur le nord du Ghana et du Togo. Il y ajoute aussi la frontière entre le Mali et le Sénégal et le nord-ouest du Nigéria et la Guinée Conakry qui seront probablement les théâtres de futurs conflits qui auraient pour conséquence la dégradation sécuritaire de la région.

Pour conclure son propos, Alain Antil a évoqué les éléments qui favorisent la naissance de nouveaux foyers de tensions : premièrement les djihadistes offrent leur service à des communautés locales qui ont des problèmes avec d’autres communautés locales, l’administration locale ou encore l’État central, créant ainsi un lien de dépendance et offrant un enracinement local aux djihadistes. Deuxièmement, ces groupes djihadistes ont besoin d’aménager des couloirs logistiques pour s’approvisionner créant ainsi des zones de trafics. Troisièmement, les djihadistes s’installent dans des zones où l’orpaillage est important afin d’en contrôler les ressources et de taxer la circulation de ce produit. Quatrièmement, les groupes djihadistes protègent les communautés d’éleveurs itinérants qui sont souvent mal traités par les services de sécurité et les populations locales. Enfin, l’attitude des forces de sécurité à l’égard des populations locales varie en fonction des populations, pour se défendre les populations mal traitées font appel aux djihadistes pour les protéger favorisant ainsi l’adhésion des populations locales aux groupes djihadistes.

Michael Shurkin a quant à lui estimé que l’opération Barkhane n’était pas encore morte et que la France a un rôle important à jouer dans la lutte contre le terrorisme mais que ni la France, ni l’Union européenne, ni la communauté internationale ne peuvent faire grand-chose sans l’appui sincère des États africains partenaires. La France peut apporter son soutien mais ne doit pas considérer qu’elle peut les sauver, c’est à eux même de prendre en main leur destin. Il est illusoire de croire que l’opération Barkhane aurait pu permettre de sauver la situation. Bien qu’une opération militaire fût nécessaire, elle ne sera jamais suffisante et la population malienne a mal compris les enjeux de la situation.

Michael Shurkin a aussi identifié les échecs français qu’il estime être au niveau politique et médiatique en considérant que les deux pays avaient des agendas politiques différents favorisant les malentendus et les non-dits. Il pointe également la condescendance de la France, qui ressemble beaucoup de manière inconsciente évidemment au comportement du colonisé / colonisateur et ce schéma gêne beaucoup les pays africains.

Le Dr. Bakary Sambé considère qu’à chaque fois, les partenaires occidentaux réagissent à l’urgence plutôt que d’opter pour une politique d’anticipation qui permettrait de mieux prévoir les événements. Ce déficit serait dû à une vision complètement décalée de l’Afrique qui se rapprocherait du paradigme algérien qui n’est en rien similaire à celui de l’Afrique. Les niches de radicalisation au Sahel sont principalement, selon le Dr. Sambé dû à la faible capacité d’inclusion sociétale et économique, à la frustration politique et communautaire et à la capacité des groupes terroristes à instrumentaliser les populations. Le Dr. Bakary Sambé pointe du doigt l’approche beaucoup trop militaire du conflit qui porte sur un seul et unique aspect : le contre-terrorisme plutôt que la prévention de l’extrême violence qui demande que l’on s’attaque aux causes structurelles. Enfin, la population malienne ne comprend pas comment la France peut interdire aux maliens de parler à leurs enfants devenus djihadistes mais en même temps envoie des émissaires pour parler aux talibans, il y a là un paradoxe qui est mal perçu au Mali et qui impacte la crédibilité de la France.

Pour clôturer cette séquence, Niagalé Bagayoko a dressé un constat alarmant. Les milices et les groupes d’autodéfenses sont devenus des acteurs incontournables, sans oublier les groupes politico-militaires présents au Mali qui donnent lieu à des oppositions claires entre les autorités de Bamako et les groupes armés Touareg du Nord. Niagalé Bagayoko dénonce également l’unique approche militaire de la part des pays occidentaux plutôt que de favoriser une approche politique en considérant que les militaires sont aussi, parfois, des politiques ce qui lui permet de considérer qu’il y a une divergence de la lecture de la situation entre l’Europe et les pays africains. Enfin, l’opinion publique est un élément important à prendre en considération qui se caractérise par une colère extrêmement forte des populations qui sont exaspérées et doutent de la capacité des partenaires occidentaux d’influer sur la situation globale de l’Afrique.

 

GRAND TEMOIN : GENERAL DIDIER DE CASTRES, EX-CHEF DU CENTRE DE PLANIFICATION ET DE CONDUITE DES OPERATIONS DE L’ETAT-MAJOR DES ARMEES EN AFGHANISTAN, LIBYE ET AFRIQUE DE L’OUEST

Pour conclure cette séquence, Pascal Airault, journaliste pour l’Opinion a mené un échange avec le Général Didier de Castres, ex-chef du centre de planification et de conduite des opérations de l’État-major des Armées en Afghanistan, Libye et Afrique de l’Ouest.

Le Général de Castres a d’abord dressé le bilan des actions des trois derniers présidents de la République sur le conflit au Mali, en considérant que le Président Chirac fut un président à « reculons », le Président Sarkozy fut un président avec davantage « d’allant » et le Président Hollande fut un président qui n’a pas eu d’autres choix compte tenu du climat sécuritaire qui régnait en France. Il a souligné la « prolifération cancéreuse » et extrêmement rapide en 2012 des groupes djihadistes qui ont réussi à se multiplier parfois par dix en deux ans et de l’urgence de l’époque qui consistait à rompre cette dynamique dangereuse et a rappelé les différents prérequis exposés aux autorités politiques françaises et européennes pour une intervention au Mali : obtenir un accord de paix sincère qui soit mise en œuvre franchement, il ne peut pas y avoir de solution sans l’Algérie ni contre l’Algérie, l’urgence de fermer les vannes qui venaient de Libye et qui déversaient de l’armement et de l’idéologie nauséabonde et l’importance d’une réforme de la gouvernance du Mali.

Le Général de Castres considère qu’il faut faire preuve davantage de lucidité et d’humilité dans les objectifs fixés et de cesser de vouloir impérativement transformer tout pays dans lequel on s’engage en canton suisse en matière économique et démocratique. De ce fait il est essentiel de réviser les ambitions de la France à la faveur de nos propres intérêts car la France n’est pas une ONG.

Enfin, il appelle le Mali à se méfier de la société Wagner et a rappelé que la ligne de crête pour la France est la suivante : « on préférera toujours l’éthique à la moindre performance que la performance sans éthique ».

 

 

COOPERATION ENTRE L’UNION EUROPÉENNE ET ISRAËL EN MATIÈRE DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME

TABLE RONDE

La table ronde suivante était animée par Harold Hayman, journaliste, éditorialiste, spécialiste des affaires internationales et de géopolitique. Après avoir présenté rapidement les intervenants de cette nouvelle séquence, c’est Christiane Höhn, conseillère principale du coordinateur européen à la lutte contre le terrorisme qui a pris la parole pour un état des lieux succinct de la menace. Christiane Höhn estime que l’Union européenne est aujourd’hui moins vulnérable que par le passé et que la menace est devenue beaucoup plus complexe. Elle a souligné le fait que les familles des combattants de Daesh ainsi que les combattants eux-mêmes qui sont pour certains européens et qui sont détenus dans le nord-est de la Syrie sont des « bombes à retardement ». Daesh dispose encore d’un noyau important de sympathisants qui diffusent à travers le monde l’idéologie terroriste. En effet, les attentats ne sont plus dirigés depuis l’étranger mais inspirés par l’idéologie de Daesh diffusée elle-même par des relais à travers le monde. Christiane Höhn a indiqué aussi que son département a remarqué une montée en puissance de l’extrémisme d’extrême droite et la radicalisation du mouvement antivax, considérant également qu’il pourra éventuellement y avoir des conséquences liées au conflit ukrainien. S’agissant de la lutte contre le terrorisme, l’Union européenne a défini trois thématiques qui sont la ligne de conduite : la sécurité intérieure classique, la prévention de la radicalisation et la coopération avec les pays tiers. Christiane Höhn a souligné que la France a toujours été un moteur. Concernant Israël, elle espère pouvoir obtenir rapidement un accord entre l’UE et Israël pour le partage de données opérationnelles et renforcer la coopération déjà existante sur l’analyse des menaces, les nouvelles technologies et la recherche.

Le deuxième intervenant, Yaniv Arad, qui travaille à la direction de la lutte contre le terrorisme au ministère israélien des affaires étrangères a quant à lui souligné l’importance de renforcer la coopération entre l’UE et Israël notamment sur le phénomène des combattants étrangers qui diffusent leur savoir-faire et leurs connaissances à travers le monde.

 

DES BOULEVERSEMENTS EN MÉDITERRANÉE AU SÉPARATISME ISLAMISTE

Jean-Philippe Moinet, directeur de la revue civique et politologue, a mené l’interview de Gilles Kepel, professeur à l’université Paris Sciences et Lettres, directeur de la chaire Moyen-Orient Méditerranée à l’École normale supérieure.

Gilles Kepel a abordé en premier lieu la situation en Ukraine et la situation très complexe pour Israël et la Turquie qui cherchent à jouer les médiateurs pour maximiser leur avantage. Il a expliqué que la problématique pour Israël est liée essentiellement à la gestion du ciel syrien qu’il partage avec Moscou depuis plusieurs années et à la présence juive en Ukraine.

D’autre part, l’affaiblissement de la Syrie et la prolifération de groupes djihadistes sont des scénarios à prendre en compte et la pénurie de blé liée au conflit en Ukraine risque de donner lieu à des revendications violentes, qui sont des opportunités d’infiltration pour la mouvance islamiste qui se nourrit essentiellement de ce genre de révoltes.

S’agissant du djihadisme, Gilles Kepel estime qu’il y a eu une mauvaise lecture du profil de  Mohammed Merah qui a tout de suite été considéré comme un loup solitaire alors qu’il était connecté à des réseaux islamistes.

Le politologue parle d’un phénomène de djihadisme d’atmosphère qui ne s’appuie pas sur des organisations pyramidales comme Al-Qaïda mais sur un envahissement d’internet, en désignant des cibles qui seront ensuite attaquées par des individus qui en auront pris l’initiative. Concernant la région du Sahel, Gilles Kepel insiste sur le fait que la présence de la société Wagner est en train de rebattre les cartes, et qu’il s’agit d’une force de déstabilisation anti-française ou du moins anti France-Afrique, ce qui est un problème préoccupant. Cette déstabilisation a provoqué et provoque des réalignements complexes et désaffiliation, et il est certain selon Gilles Kepel que les nouvelles mutations du djihadisme trouveront des opportunités dans cette réorganisation.

 

FACE A L’ISAM ET AU TERRORISME : UNE NOUVELLE GOUVERNANCE EST-ELLE POSSIBLE ?

Pour la dernière séquence du sommet européen, Manuel Valls, ancien Premier ministre, a pris la parole pendant une dizaine de minutes en affirmant dans un premier temps que la guerre en Ukraine, la menace djihadiste, et toutes les formes de menaces hybrides dans nos quartiers et prisons interviennent dans une crise profonde de la démocratie représentative. L’élection de Donald Trump et de Bolsonaro, le Brexit, la fascination des régimes autoritaires sont des phénomènes majeurs qui attestent de cette crise démocratique.

Pour faire face à ces enjeux, menaces et crise démocratique, il est impératif d’après Manuel Valls que la France et l’Union européenne plus largement recherchent les formes d’une union nationale, d’alliances sacrées et de compromis. La France doit tirer les leçons de ce qu’il s’est passé et rechercher et redéfinir ses intérêts stratégiques. Les forces politiques républicaines qu’elles soient dans la majorité ou dans l’opposition, le Parlement, les élus locaux, les forces économiques et sociales doivent se mettre d’accord sur la stratégie à mettre en œuvre.

Manuel Valls a expliqué que le premier intérêt est l’Europe, pour gagner en autonomie et en indépendance notamment sur les énergies et les forces militaires, tout en n’oubliant pas le Sahel, bien que les préoccupations provenant de l’Est attirent toutes les attentions.

Il doit y avoir également un consensus sur le nucléaire qui est un élément fondamental et qui nécessite au moins 150 milliards d’euros d’investissements dans les années à venir avec des enjeux technologiques importants.

 L’immigration est un sujet là aussi important. La question de la gestion de nos frontières communes se pose ainsi que les relations que nous décidons de bâtir avec les pays du sud.

D’autre part, la défense est une thématique très importante avec un changement de logiciel qui s’impose et qui nous oblige à des investissements importants (drones, cyber, espace).

La diplomatie est aussi un élément indispensable selon l’ancien Premier ministre qui considère que pendant une vingtaine d’années, la France et l’Union Européenne ont été aveuglées par la montée de l’islam politique, des différentes formes de djihad et sur la montée de l’antisémitisme. Il est urgent d’évoluer et de faire un saut qualitatif qui n’a pas eu lieu jusque-là notamment vis-à-vis des accords d’Abraham qui nous oblige à repenser la diplomatie française.

Néanmoins il est très important que cette lutte politique, culturelle et idéologique agisse avec un but fondamental : faire la différence entre l’islam et l’islamisme qui oblige un profond débat qui doit avoir lieu aussi et surtout au sein même de l’islam.

Arié Bensemhoun a conclu la 5ème édition du Sommet Européen sur la radicalisation islamiste et la menace terroriste en remerciant les intervenants et les participants et en annonçant la tenue de la prochaine édition en mars 2023.