UNESCO : contradictions, partialité et déclin d’une organisation internationale

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L’ancienne ministre de la culture de François Hollande, Audrey Azoulay, a été élue, vendredi 13 octobre, directrice générale de l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) face au Qatari Hamad Al-Kawari (31 voix contre 25), succédant à la Bulgare Irina Bokova. Fragilisée par ses dissensions et ses difficultés économiques, l’organisation est aujourd’hui discréditée.

Créée le 16 novembre 1945, l’UNESCO avait pour vocation à s’occuper de patrimoine, d’éducation, d’amitié entre les peuples, en partant de l’idée que le mépris et l’ignorance suscitent les guerres et que seule la compréhension mutuelle garantit la paix. Son Acte constitutif, inspiré par Archibald MacLeish, poète et dramaturge américain, est une des déclarations capitales du XXe siècle qui promeut des valeurs fondamentales, toujours autant d’actualité : les forces de l’esprit – sciences, éducation, culture – sont des remparts contre la barbarie.

Pourtant, un gouffre sépare les idéaux de l’UNESCO de ce qu’elle incarne réellement. Pendant plus de soixante-dix ans, elle a été inévitablement marquée par les conflits qui opposent les Etats, depuis la Guerre froide jusqu’aux guerres d’aujourd’hui. Les questions culturelles devinrent des enjeux de pouvoir. Parmi ces luttes politiques, celle des pays arabes contre Israël a pris une tournure systématique. Devenu membre de l’UNESCO en 1949, Israël fut inclus dans le groupe Europe-Etats-Unis, et non dans sa région géographique. Dès lors, une série d’offensives anti-israéliennes ont été menées par les pays arabes, aboutissant à des aberrations, comme à Durban en 2001 où il fut question d’assimiler le sionisme à du racisme, ou inclure en 2011 la Palestine, un Etat encore inexistant, parmi les Etats membres.

Ce deux poids deux mesures sans précédent est contraire à toute logique et à toute éthique, quand les dictatures, les monarchies corrompues, les Etats qui financent le terrorisme sont non seulement oubliés mais sont ceux-là même qui condamnent et accablent Israël. Les responsables israéliens ne cessent de s’insurger contre les résolutions adoptées à l’UNESCO, qui, sous couvert de protection du patrimoine, ont nié les liens entre les juifs et leurs sites historiques comme ce fut le cas en octobre 2016 au sujet de Jérusalem-Est et du Mont du Temple. Benyamin Netanyahou avait d’ailleurs parlé d’un « théâtre de l’absurde », et rappelé l’ambassadeur israélien pour « consultations », annonçant une réflexion sur la place d’Israël dans l’organisation.

Jeudi 12 octobre, la veille de l’annonce d’une nouvelle direction à l’UNESCO, les Etats-Unis s’en sont retirés tout en restant observateur, accusant l’institution d’être « anti-israélienne ». Quelques heures après, Israël a fait de même, saluant le début d’une « nouvelle ère aux Nations unies : celle où quand on pratique la discrimination contre Israël, il faut en payer le prix ». Audrey Azoulay a vivement critiqué cette décision lors de sa première prise de parole à la tête de l’organisation onusienne : « Dans ce moment de crise, je crois qu’il faut plus que jamais s’impliquer dans l’UNESCO, la soutenir, chercher à la renforcer et à la réformer et non pas la quitter ». Elle a par ailleurs fait savoir que la « première chose à laquelle elle s’attacherait », si la conférence générale la confirme en novembre, serait « de restaurer la crédibilité » de l’organisation « et la confiance des Etats membres ».

Enceinte de propagande, l’UNESCO est aujourd’hui noyautée par une coalition de pays hostiles aux valeurs démocratiques qui ont trouvé une plateforme idéale pour dénigrer les valeurs occidentales et faire avancer leurs pions sur la scène internationale. La mission d’Audrey Azoulay sera donc titanesque mais l’institution est si gangrénée qu’elle risque de devoir revoir ses ambitions à la baisse.