Poutine et Rohani se penchent sur le sort de la Syrie

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Par le Figaro – Georges Malbrunot


Les présidents russe et iranien cherchent à renforcer leur partenariat, alors que les États-Unis et les Kurdes s’approchent de Raqqa.

La Syrie a occupé une place importante dans la visite du président Hassan Rohani à Moscou, où il s’est entretenu mardi avec Vladimir Poutine. Il s’agit de la première rencontre purement bilatérale entre les deux dirigeants à la tête de pays qui aident militairement le régime de Bachar el-Assad. Alors qu’en Iran, certaines voix doutent parfois de la sincérité des objectifs russes à long terme en Syrie, ce sommet pourrait permettre d’établir une nouvelle feuille de route pour les étapes à venir de leur partenariat au profit de Damas.
Si les Russes, grâce à leur aviation, et les Iraniens, en dépêchant des milliers de miliciens et de conseillers militaires auprès d’Assad, sont parvenus à affaiblir les rebelles, une rivalité existe entre les deux alliés qui pourrait s’aggraver avec le temps. Elle porte notamment sur le sort de Bachar el-Assad – les Iraniens souhaitent le garder – ou sur les relations avec la Turquie – l’Iran réclame de Moscou une approche plus dure vis-à-vis d’Ankara. Au moment où les Américains paraissent décidés à déloger, avec leurs alliés kurdes, Daech de Raqqa, le sommet Poutine-Rohani devait également revigorer l’axe que leurs deux pays ont conclu l’an dernier avec la Turquie, qui a permis l’évacuation des rebelles d’Alep, fin décembre.

Le prix du sang

Même si Hassan Rohani n’a pas la main sur la coopération entre son pays et ses alliés du Hezbollah libanais – une chasse gardée du pôle sécuritaire iranien – le président modéré n’a pas manqué d’aborder la question des frappes israéliennes en Syrie contre la milice chiite. Des frappes qui ont longtemps bénéficié d’un blanc-seing russe. Alors que la Russie apparaît comme la nouvelle puissance mandataire en Syrie, c’est l’Iran et ses alliés chiites qui paient le prix du sang, avec plusieurs milliers de morts tombés au combat pour la défense du régime. Un fardeau qui permettra, le moment venu, à Téhéran de peser sur des décisions stratégiques. «Contrairement aux Russes, les Iraniens ne veulent pas du processus de négociations qui se tient actuellement à Genève, confie un officiel syrien. Leur approche est purement militaire.»
À moins de deux mois de l’élection présidentielle en Iran, Hassan Rohani, qui sera candidat à sa succession, tient aussi à finaliser un ou plusieurs accords pétroliers avec Moscou pour bien montrer à ses compatriotes les retombées de l’accord nucléaire de l’été 2015. Les achats d’armes russes par l’Iran devaient également être au menu des pourparlers, quelques mois après la livraison du système antimissile russe S-300 à Téhéran.