Grâce à Vladimir Poutine, BenyaminNetanyahou échange une jeune Juive contre deux bergers syriens et du vaccin Spoutnik.
Une Israélienne, qui s’est égarée voici environ deux semaines en Syrie, en échange de deux bergers syriens et de doses de vaccins Spoutnik V pour Damas. Frappée du sceau de la censure militaire, l’histoire a mobilisé Benyamin Netanyahou, Vladimir Poutine, et a donné lieu à un dialogue surprenant entre Israël et Damas. La jeune femme, issue d’une famille observante de Modiin, avait réussi à déjouer les systèmes de surveillance et à franchir la frontière entre Israël et la Syrie. Elle s’est retrouvée dans un village où elle a été dénoncée et arrêtée par les services de renseignement qui l’ont soupçonnée d’être une espionne. D’étranges négociations avec de multiples rebondissements se sont alors engagées. Le premier ministre Benyamin Netanyahou a téléphoné à deux reprises au président russe, Vladimir Poutine, le «parrain» de la Syrie, pour qu’il joue le médiateur. Les Syriens ont réclamé en échange deux druzes du plateau du Golan – il est occupé par l’État hébreu depuis la guerre de 1967 et annexé.
Ces deux druzes – une femme et un homme – étaient accusés de collaboration avec le Hezbollah, le mouvement chiite libanais. Elle, était en résidence surveillée, lui, purgeait une longue peine de prison pour une tentative d’attentat, selon la justice israélienne. Tous deux ont refusé de prendre le chemin de Damas. Les membres de la petite communauté druze du Golan souhaitent en général conserver leur nationalité syrienne, mais leur allégeance ne va pas jusqu’à partir pour le pays du président Bachar el-Assad. Ils préfèrent rester chez eux. La femme assignée à domicile a déclaré à une télévision syrienne que la mesure judiciaire à son encontre avait été levée. Le prisonnier n’a rien dit.
C’est finalement deux bergers syriens capturés lors d’une intrusion sur le territoire contrôlé par Tsahal et pris pour des espions aux petits pieds qui ont servi de monnaie pour un troc. Ils ont été remis aux Syriens au point de passage officiel de Quneitra, une ville fantôme détruite en 1973 et restée en l’état. Ils ont pu retrouver leurs chèvres. La frontière est en principe hermétique avec une barrière de protection, le terrain souvent miné, mais certaines voies ne sont pas impénétrables.
Israël a toujours fait et fera toujours tout ce qui est en son pouvoir pour ramener ses citoyens à la maison
Benyamin Netanyahou
Puis se sont ajoutés des vaccins. Des Spounik V payés par le gouvernement israélien. Une transaction estimée à plus d’un million de dollars d’après la presse israélienne. La décision a été avalisée par une réunion extraordinaire du cabinet classifiée «secret-défense». Les médias locaux ont essayé de contourner la censure et ont surtout spéculé. Les rumeurs les plus folles ont commencé à circuler. Et si des corps de soldats portés disparus durant des conflits étaient restitués? Et si la dépouille d’Eli Cohen, l’espion israélien pendu sur une place publique de Damas en 1965, revenait? Israël et la Syrie n’ont jamais mis fin à leurs contentieux et l’armée israélienne bombarde régulièrement des positions iraniennes et son allié du Hezbollah en Syrie avec l’accord tacite de Moscou. Le pot aux roses, ou plus précisément aux vaccins, a finalement été découvert.
Quant à la jeune femme égarée en Syrie, âgée de 25 ans, parlant arabe, elle n’en était pas à sa première tentative de fuite hors de son milieu orthodoxe et hors d’Israël. Elle avait déjà essayé de se rendre dans la bande de Gaza dirigée par le Hamas. En Jordanie aussi. Elle s’est finalement retrouvée à Moscou. Un émissaire de Benyamin Netanyahou, son conseiller à la sécurité nationale, Meir Ben-Shabbat, est allé la chercher. Un vol spécial a été affrété alors que l’unique aéroport international du pays est fermé pour cause de crainte de propagation des variantes du Covid-19. «Israël a toujours fait et fera toujours tout ce qui est en son pouvoir pour ramener ses citoyens à la maison», a commenté Benyamin Netanyahou.
La Russie est l’unique canal de discussion entre Israël et le régime syrien. Moscou a servi de médiateur pour le retour de la dépouille de Zachary Baumel, un soldat des forces de défense israéliennes tué lors de la bataille de Sultan Yacoub, au Liban, en 1982. Sa dépouille a été transférée de Syrie en Russie quelques jours avant son arrivée en Israël, en avril 2019. Deux Israéliens sont par ailleurs portés disparus à Gaza depuis des années. Les négociations pour les faire libérer n’ont pas abouti à ce jour.